Elizabeth II, l’inoxydable

Elizabeth II AFP 1280
© RONNY HARTMANN / AFP
  • Copié
, modifié à
SO PERFECT - La monarque de 89 ans, 63 ans après son couronnement, a battu mercredi à 18h30 le record de longévité de la reine Victoria.

L'anecdote est savoureuse. A la fin de l'année 1936, le roi du Royaume-Uni Edouard VIII décide d'épouser une Américaine deux fois divorcée. Il doit abdiquer, mais ne laisse aucun enfant. Son frère George VI, le souverain bègue dépeint par le film Le Discours d'un roi en 2011, hérite alors de la couronne à contrecoeur. Sa fille Elizabeth doit s'installer avec lui à Buckingham Palace, ce qui n'est pas pour l'enchanter. "C'est pour toujours ?" demande-t-elle, désemparée, à sa nounou.

Un règne modèle. En tout cas, ce fut pour longtemps ! 63 ans et 216 jours après son couronnement, Elizabeth II, 89 ans, bat mercredi 9 septembre le record de longévité détenue par sa trisaïeule, la reine Victoria, qui marqua le XIXe siècle. Son règne fait figure de modèle, tant Elizabeth a su habilement incarner la figure à la fois tutélaire et rassurante d'un pays dont la puissance a considérablement diminué.

Devenue reine à 27 ans, Elizabeth II a traversé une période de profonds bouleversements. Reconstruction après la Seconde Guerre mondiale, perte de l'empire colonial, crise économique des années 1970, tensions mortelles en Irlande du Nord, immigration massive : elle a vu son pays changer de visage. Sans couac, avec tact et doigté, la reine a toujours su épouser son époque. Aujourd'hui, elle apparaît comme le ciment d'un pays tiraillé par les tensions régionalistes et communautaristes.

Difficiles années 1990. Certes, tout n'a pas été rose. Dans les années 1990, notamment, Elizabeth II fait face à de violentes tempêtes. C'est d'abord le divorce de trois de ses enfants en l'espace de quelques mois, en 1992. Une "annus horribilis", comme elle l'admettra elle-même. En 1997, la princesse Diana, ancienne épouse de son fils Charles, meurt dans un accident de voiture à Paris. Le mutisme de la reine, qui reste dans son château de Balmoral alors que l'émotion est immense parmi ses sujets, déconcerte l'opinion publique. La monarchie est alors sur la sellette.

Le prestige retrouvé. Depuis, bien épaulée par une communication hors pair, Elizabeth II a impeccablement restauré son prestige. Le "royal wedding" de son petit-fils William avec Kate Middleton, en 2011, devant deux milliards de téléspectateurs, a témoigné du lustre retrouvé de la monarchie britannique. Tout comme l'engouement suscité par la naissance du prince héritier, George, et de sa petite sœur Charlotte.

Aucune cérémonie n'est prévue pour la célébration du record du plus long règne de l'histoire britannique. Mercredi, Elizabeth II sera en Ecosse, son habituel lieu de villégiature estival, où elle doit inaugurer une nouvelle ligne de chemin de fer. Un nouveau cap passé avec simplicité et aisance, à l'image de son règne.