Elections en Turquie : la délégation française communiste relâchée

Les membres du PCF sont en Turquie pour participer à la surveillance des élections.
Les membres du PCF sont en Turquie pour participer à la surveillance des élections. © ADEM ALTAN / AFP
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Une délégation du Parti communiste français a été interpellée dimanche à Agri, en Turquie, alors qu'elle participait aux opérations de surveillance des élections législatives et présidentielle. 

Une sénatrice du Parti communiste français (PCF) a été interpellée, avec deux autres militants, dimanche dans l'est de la Turquie, alors qu’elle participait à la surveillance des élections législatives et présidentielle dans le pays à l'invitation d'un parti pro-kurde, rapporte le PCF dans un communiqué.

"La délégation du PCF qui séjourne en Turquie à Agri comme observateur des élections présidentielles et législatives a été arrêtée et ses membres ont comparu ce (dimanche) matin devant le procureur de la République", affirme le parti. La délégation du PCF se compose de Christine Prunaud, sénatrice des Côtes d’Armor, Hulliya Turan, secrétaire départementale du Bas-Rhin et Pascal Torre, membre du secteur des Relations Internationales au PCF.

Relâchés à la fin du scrutin. Selon les informations d'Europe 1, les trois Français arrêtés ont été entendus par le procureur au commissariat d'Agri, avant d'être relâchés et invités à rester à leur hôtel par le consulat de France en fin d'après-midi. "Nous avons été arrêtés à 10h30 et retenus à la gendarmerie jusque 17h, à la fin des opérations de vote. On nous a dit qu'il n'y aurait pas de poursuites contre nous car notre présence n'était pas délictuelle", a expliqué Hulliya Turan à l'AFP.

La délégation s'était rendue dans deux bureaux de vote et revenait en ville quand elle a été interpellée. "On nous a emmenés à la gendarmerie pour vérifier nos identités puis on nous a demandé ce qu'on faisait là, pour quelle organisation on travaillait", a raconté Hulliya Turan. "Ils avaient du mal à admettre qu'on était juste là pour observer les élections", a-t-elle ajouté. La délégation a été laissée libre de poursuivre son séjour en Turquie, a-t-elle précisé.

"De faux observateurs". "Le pouvoir turc veut ainsi étouffer toutes les voix qui dénoncent les fraudes massives à l'œuvre, notamment en véhiculant sur Twitter que 'les membres de la délégation seraient de faux observateurs qui tenteraient de manipuler les élections'", a dénoncé plus tôt le PCF dans son communiqué, en "condamnant ces méthodes". Sur Twitter, le secrétaire de la section de Villejuif du PCF a rapporté que "les autorités turques ont empêché les observateurs français membres du PCF de surveiller les opérations de vote en Turquie".

Le parti réaffirme soutenir "les démocrates de Turquie qui entendent mettre un terme à la dictature de Recep Tayyip Erdogan", le président turc. Le PCF a répondu dimanche à un appel du HDP, le principal parti prokurde : les émissaires du PCF étaient sur place pour "une mission d'observation de nature citoyenne comme cela se fait dans d'autres pays", afin de s'assurer qu'aucune fraude n'était commise, car "il y a eu des doutes lors des précédentes élections sur la sincérité du scrutin", a expliqué Pierre Laurent, secrétaire général du parti, sur franceinfo. "On n'a pas du tout caché la raison pour laquelle ils se rendaient sur place", a assuré en outre le patron du PCF.

Scénario similaire pour une délégation du Parti de Gauche. Le Parti de Gauche, qui a apporté son soutien aux communistes, a affirmé dimanche soir que sa propre délégation invitée par le HDP, Danielle Simonnet, Jean-Christophe Sellin et Simon Berger, avait "subi une inacceptable garde à vue de deux heures à l'aéroport d'Istanbul samedi avec menace d'expulsion immédiate et interdiction définitive du territoire". "Cette fébrilité illustre la peur de perdre les élections malgré la répression menée et la tentation renouvelée de recourir à des fraudes massives", a-t-il estimé dans un communiqué.

Des tentatives de fraudes selon l'opposition. Plus de 56 millions d'électeurs sont appelés à voter pour leur président et leurs députés dimanche, dans un scrutin qui marquera le passage du système parlementaire en vigueur à un régime hyper-présidentiel, voulu par Recep Tayyip Erdogan, mais décrié par ses opposants. Le principal parti d’opposition turc, le CHP, a dénoncé dimanche des tentatives de fraudes, de bourrages d’urnes et d’intimidations dans les bureaux de vote.

10 étrangers interpellés dimanche en Turquie. L'agence de presse étatique Anadolu a rapporté de son côté que des procédures judiciaires avaient été engagées contre 10 étrangers, accusés d'avoir tenté de se faire passer pour des observateurs internationaux. D'après l'agence, trois Français, trois Allemands et trois Italiens figurent parmi les personnes interpellées. Craignant des fraudes, en particulier dans le Sud-Est à majorité kurde, opposants et ONG ont mobilisé plusieurs centaines de milliers d'observateurs pour surveiller les urnes.