Pologne, avortement, IVG, manifestation 1:30
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Hélène Terzian, édité par Antoine Cuny-Le Callet
Alors que le Tribunal constitutionnel polonais a jugé non conformes à la Constitution les avortements pour cause de malformations du fœtus, la protestation s'organise. Certains Polonais s'inquiètent de voir les avortements clandestins se multiplier, dans des conditions sanitaires faisant courir un risque pour la santé de ces femmes. 

Des milliers de manifestants révoltés se sont rassemblés vendredi dans les grandes villes de Pologne, après que le Tribunal constitutionnel a jugé non conforme les avortements pour cause de malformation du fœtus. Dans ce pays, où la législation était déjà l’une des plus rigides d’Europe, beaucoup s’inquiètent des conséquences sanitaires de cette décision : selon Krystyna Kacpura, directrice du planning familial en Pologne, les femmes qui ne peuvent pas partir à l'étranger pour avorter le feront "dans des conditions dangereuses". "On a peur pour la santé et surtout pour la vie de ces femmes", déclare-t-elle au micro d'Europe 1.

Les avortements clandestins sont en effet légion en Pologne, s'élevant à près de 200.000 chaque année. Ils peuvent parfois se dérouler dans des conditions d'hygiène très précaires. Krystyna Kacpura souligne le fait que les restrictions impliquent de fortes inégalités entre les femmes face à l'interruption de grossesse : "Les conditions sanitaires dans lesquelles elles vont avorter dépendent de leur portefeuille. Si elles ont de l’argent, elles peuvent aller à l’étranger et avorter en sécurité", explique-t-elle.

Vague d'indignation

En Pologne désormais, les femmes ne peuvent avorter qu’en cas de viol, d’inceste ou bien si la grossesse présente un risque pour leur santé. Lorsque les avortements étaient autorisés en cas de malformation du fœtus, les IVG légales étaient déjà extrêmement rares, seulement un peu plus de 1.000 l'an dernier.

Ces nouvelles restrictions suscitent une vague d’indignation. Des groupes de femmes ont protesté dans la rue un peu partout dans le pays, certaines se faisant arrêter. Dans une Pologne très catholiques, les derniers sondages montrent que seuls 10% des habitants sont favorables à une nouvelle restriction du droit à l’avortement.