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Caroline Baudry (à Vintimille) / Crédits photo : VALERIA FERRARO / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP , modifié à
Alors que la vague de migrants arrivés à Lampedusa se fait attendre à la frontière italo-française, la problématique de l’âge arrive en tête des préoccupations des pays d’accueil et des migrants. Et pour cause, l'âge peut devenir un laissez-passer pour l'Europe, comme un billet retour vers le pays d'origine.

"La France n'accueillera pas de migrants qui viennent de Lampedusa", a réaffirmé Gérald Darmanin mardi sur le plateau du 20H de TF1. Néanmoins, le ministre de l'Intérieur prévoit d'aider l'Italie à renvoyer chez eux les étrangers en situation irrégulière. 60% d'entre eux viennent d'Afrique francophone, des pays qui pour la plupart ne connaissent pas de persécution politique, selon les termes du ministre. C'est pourtant un critère majeur pour être accueilli en Europe, tout comme l'âge. Avant 18 ans, c'est un laissez-passer, après 18 ans, c'est un billet retour vers leur pays d'origine.

"Il n'y a pas de présomption de minorité"

La date de naissance peut faire basculer un projet dans un sens ou dans un autre. C’est le cas de Mohamed, Ivoirien, qui revendique une minorité qui lui est refusée. "J'ai 15 ans et à Lampedusa, ils ont mis 2003 dans mon dossier", raconte-t-il. 20 ans, un âge qu'il porte depuis déjà un mois dans cette gare où il tente de survivre pour rejoindre la France. Deux années de trop et son lot de problèmes : les 18 ans et moins sont nourris et logés dans des centres pour mineurs dans l'Hexagone tandis que les majeurs qui n'obtiennent pas l'asile sont expulsés. 

L'âge est aussi un enjeu pour les autorités, selon Philippe de Botton, responsable du programme de Médecins du monde à Vintimille. "À la police de la frontière à Menton, ils rayent et ils mettent des fausses identités. Donc si vous voulez, il n'y a pas de présomption de minorité", explique-t-il. Il reconnaît que certains mentent sur leur âge, poussés par les passeurs et leur instinct de survie. 

Un test osseux qu'avec l'accord des concernés

Selon une source travaillant aux frontières, les jeunes qui se déclarent mineurs sont tous soumis à une batterie de questions, posées par ceux que l'on nomme les appréciateurs du conseil départemental. Le doute est posé sur environ 30 % d'entre eux qui doivent alors être soumis à un test osseux. Une radio de la main qui vise à savoir si oui ou non les os sont soudés. C'est le cas chez les adultes, ce n'est pas le cas chez les adolescents. Un test controversé puisqu'il ne permet de distinction nette entre 16 et 18 ans. 

Ces tests sont assez peu réalisés pour deux raisons : la moitié d'entre eux s'échappent des centres d'hébergement le temps que le test soit mis en place, tandis que l'autre moitié est déclarée majeure grâce à cette radiographie et soumise à une obligation de quitter le territoire français.

Lorsqu'ils arrivent, les migrants sont aujourd'hui de plus en plus jeunes. 15 à 20 % se déclarent mineurs à leur arrivée, contre 6 % il y a un an. Selon les associations de défense de migrants, il est arrivé que l'État se trompe sur l'âge de ces jeunes, déclarés majeurs à tort et qu'ils soient déboutés par la justice.