Catherine Colonna 1:37
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William Molinié / Crédit photo : Arthur Nicholas Orchard / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Chose tout à fait inédite : la France a accusé mardi la Russie de mener une vaste opération d'ingérence numérique en publiant de faux articles de grands quotidiens français hostiles à l'Ukraine. Des "agissements indignes d'un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies", selon la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna.

La France a accusé mardi la Russie de mener une vaste opération d'ingérence numérique en publiant de faux articles de grands quotidiens français hostiles à l'Ukraine, des agissements relevant de la "guerre hybride" de Moscou et "indignes d'un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies", a déclaré la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna.

Deuxième volet de l’opération Doppelgänger

C'est le deuxième volet de l’opération Doppelgänger ("sosie" en allemand) déjouée l’année dernière par la maison mère de Facebook, victime d’une manipulation qui visait à amplifier la visibilité des articles issus de sites pirates sur le réseau social. Cette fois-ci, la France est visée par une vaste opération de désinformation. Et chose inédite, la France a attribué cette opération de déstabilisation à la Russie.

Jusqu’à présent, les autorités françaises étaient plutôt prudentes quand il s’agissait d’attribuer des manœuvres de désinformation. Leur origine était gardée secrète et tout cela se réglait dans l’arrière-salle feutrée du petit monde du renseignement. Mais mardi, la France a désigné haut et fort le manipulateur, à savoir la Russie. Soupçonnée d’être derrière des fake news pro-russes pour induire en erreur l’opinion publique française. 

355 noms de domaines usurpés

Depuis un an, Viginum, le service de protection contre les ingérences numériques étrangères rattaché à Matignon, a recensé 355 noms de domaines usurpés. En clair, les faussaires fabriquent des sites vitrine qui copient la charte graphique de médias. Quatre journaux français ont été dupliqués : 20 Minutes, Le Monde, Le Parisien et Le Figaro. Et 58 faux articles ont été publiés via ces canaux.

Des poursuites judiciaires ?

Fait inédit, en mai dernier, c’est le site internet du ministère des Affaires étrangères qui a été ciblé. Plusieurs Russes, soupçonnés d’être derrière ce montage, ont été identifiés par les autorités. Selon les informations d’Europe 1, les médias victimes de cette campagne réfléchissent désormais à engager des poursuites judiciaires.