Des photos de torture exfiltrées de Syrie remises à la justice allemande

Les photos exfiltrées sont "des preuves accablantes" de crimes contre l'humanité de la part du régime syrien, selon l'ONG. (illustration)
Les photos exfiltrées sont "des preuves accablantes" de crimes contre l'humanité de la part du régime syrien, selon l'ONG. (illustration) © FADI AL-HALABI / AFP
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avec AFP , modifié à
27.000 photos issues la police militaire syrienne vont être analysées par la justice allemande, qui peut lancer des mandats d'arrêts internationaux contre des hauts responsables syriens.

Près de 27.000 photos inédites exfiltrées de Syrie par "César", un ex-photographe de la police militaire syrienne, ont été remises à la justice allemande qui enquête sur le régime du président Assad, a annoncé l'ONG co-plaignante vendredi. "Ces photos attestent de l'ampleur et du caractère systématique de la torture sous Assad (...) Aucun enquêteur, procureur international ou cour de justice n'ont jusqu'ici eu accès à ces informations", a assuré le secrétaire général de l'ONG ECCHR, Wolfgang Kaleck. Le parquet fédéral allemand "est la première instance qui peut utiliser ces données pour lancer des mandats d'arrêt internationaux contre les hauts responsables du régime syrien", a-t-il ajouté.

Plaintes déposées contre de hauts fonctionnaires syriens. L'organisation European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR) et "César" ont également déposé une plainte devant le parquet fédéral contre des hauts fonctionnaires des services secrets et de la police militaire syriens pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Cette démarche s'appuie sur le principe juridique de la compétence universelle qui permet à un État de poursuivre les auteurs de crimes quelle que soit leur nationalité et l'endroit où ils ont été commis. L'Allemagne est l'un des rares pays au monde à appliquer ce principe.

Enquête en France. "César" est un ex-photographe de la police militaire syrienne qui s'était enfui de Syrie en 2013, en emportant 55.000 photographies de corps torturés et suppliciés dans les prisons du régime entre 2011 et 2013. L'organisation Human Rights Watch (HRW) avait jugé en décembre 2015 que ces photos étaient une preuve "accablante" de crimes contre l'humanité, et peuvent fournir des informations précieuses aux enquêteurs. En France, une enquête pour "crimes contre l'humanité" a été ouverte il y a deux ans sur la base du témoignage de "César", réfugié en France.