Déficit excessif : Bruxelles tape sur les doigts de l'Italie et félicite l'Espagne

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Bruxelles veut placer l'Italie en déficit excessif. © AFP
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avec AFP , modifié à
La Commission européenne a proposé mercredi de placer l'Italie en déficit excessif mais d'en sortir l'Espagne.

L'une est mauvaise élève, l'autre l'a été mais elle est désormais repentie. Mercredi, la Commission européenne a proposé d'un côté de placer l'Italie en déficit excessif, de l'autre de clore la procédure en cours pour l'Espagne.

Une dette italienne qui explose…

"Une procédure de déficit excessif fondée sur la dette est justifiée" pour Rome, a annoncé mercredi le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici. "Au lieu d'être réduite, la dette publique de l'Italie, qui représente une charge importante pour l'économie, a encore augmenté, passant de 131% à 132% du produit intérieur brut (PIB)" en 2018. Le seuil fixé par les règles européennes est, lui, de 60%. Selon la Commission, la dette italienne risque d'atteindre de nouveaux records : 132,2% du PIB en 2018, puis 133,7% en 2019 et 135,7% en 2020. Et son déficit structurel devrait s'aggraver en 2018, alors qu'une amélioration sensible était demandée.

L'ouverture d'une procédure pour déficit excessif ne sera effective qu'au terme d'un processus complexe nécessitant l'approbation des autres États membres. Elle peut aboutir à terme à des sanctions allant jusqu'à 0,2% de son PIB, soit environ 3,5 milliards d'euros. Un dialogue devrait désormais s'ouvrir entre la Commission et la coalition populiste au pouvoir en Italie, qui réunit la Ligue (extrême droite) et le Mouvement Cinq Étoiles (M5S, antisystème), divisée sur l'attitude à adopter avec Bruxelles. Le nouvel homme fort du gouvernement, Matteo Salvini, chef de La Ligue, a déjà martelé son intention d'être "têtu" face à la Commission européenne.

…tandis que l'Espagne résorbe son déficit

À l'inverse, "le moment est venu de clôturer la dernière de ces procédures [de déficit excessif], celle de l'Espagne, ouverte il y a dix ans", a expliqué Pierre Moscovici. Cela doit encore être formellement validée par les ministres des Finances de l'Union européenne. Selon les dernières prévisions de la Commission, publiées début mai, le déficit public espagnol s'est établi en 2018 à 2,5% de son produit intérieur brut (PIB), soit en-dessous de la fameuse barre des 3,0% fixée par les règles européennes, pour la première fois depuis plus de dix ans. Il devrait atteindre 2,3% en 2019, puis 2,0% en 2020.

Le déficit de l'Espagne, qui a renoué avec la croissance en 2014, avait dépassé en 2009 les 10% au plus fort d'une crise aggravée par l'éclatement d'une bulle immobilière. En 2017, le pays avait manqué de peu la sortie de la procédure pour déficit excessif, son déficit ayant dépassé légèrement les 3%. En 2011, 24 États membres de l'Union européenne étaient encore concernés par cette procédure, qui peut aboutir à des sanctions financières pour les pays qui ne respectent pas les règles européennes en matière de dette et de déficit.

Di Maio et Salvini dénoncent la procédure de Bruxelles 

Le vice-Premier ministre italien Luigi Di Maio a dénoncé mercredi comme étant "trop facile" l'ouverture par Bruxelles d'une procédure pour déficit excessif contre le gouvernement à Rome, son homologue Matteo Salvini espérant du "respect" de la part de la Commission. "Depuis des années, nous donnons sans recevoir, ou nous recevons moins que ce qui nous reviendrait, des années que nous sommes totalement ignorés sur la question des migrants, par exemple. Tout le poids est sur nous, et, comme si ça ne suffisait pas, ils nous font la morale. Ca va pas comme ça, c'est trop facile", a écrit sur Facebook Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisytème).

"Nous irons en Europe et nous discuterons avec responsabilité, pour construire et non pas pour détruire. Mais c'est pénible de voir que chaque jour on trouve une autre raison pour parler mal de l'Italie et de ce gouvernement", a-t-il ajouté. Matteo Salvini, l'autre vice-Premier ministre et chef de la Ligue (extrême-droite), a dénoncé de son côté les précédentes politiques d'austérité qui ont entraîné une "hausse de la dette, de la pauvreté".