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William Molinié, édité par Gauthier Delomez , modifié à
Les enseignements à tirer de la guerre en Ukraine seront au cœur du Paris Cyber Summit qui s’ouvre ce mercredi. L'occasion de se pencher sur les tentatives de cyberattaques russes auxquelles doit faire face l'Ukraine, qui résiste bien grâce au soutien des Alliés et notamment des Américains.

C’est le rendez-vous annuel de l’Europe de la cybersécurité. Le Paris Cyber Summit s’ouvre ce mercredi à la Maison de la Chimie à Paris. Seront présents dix ministres européens, 300 décideurs et une soixantaine d’intervenants, dont Mykhailo Fedorov, le vice premier-ministre ukrainien en charge du numérique qui fera le discours d’ouverture depuis Kiev.

Depuis trois mois, la guerre en Ukraine se joue aussi dans le cyberespace. Attaques sur les infrastructures critiques, désinformation, déstabilisation... Les tentatives d’intrusion se multiplient. Mais le "Pearl Harbor numérique", à savoir une cyberattaque de très grande ampleur que les experts redoutaient, n’a pas eu lieu.

Une cyberdéfense ukrainienne bien préparée

Mise à part celle qui a visé le satellite KA-SAT, une heure avant l’invasion russe le 24 février et qui a entravé les communications de l’armée et de la police, l’architecture globale ukrainienne a résisté. Parce qu’elle était bien préparée, soutenue depuis 2014 par les Alliés et notamment les Américains. Mais les Russes continuent aujourd’hui encore de tenter de mettre à plat les systèmes informatiques du pays. 

Selon Arthur de Liedekerke, ancien de l’état-major du commandement de la cyberdéfense et aujourd’hui project manager au cabinet de conseil Rasmussen Global, cette menace est de plus en plus grande à mesure que le conflit s’enlise. "Dans la plupart des scenarios plausibles qui se dessinent, on a Moscou qui est acculé, enlisé dans une guerre d’usure avec Kiev, avec relativement peu de leviers pour influer sur le cours des événements", explique-t-il au micro d'Europe 1.

L'Ukraine veut passer à l'offensive

Arthur de Liedekerke ajoute : "Il y a fort à parier que le Kremlin aura davantage recours au domaine cyber comme vecteur idéal, peu coûteux, pour à la fois contourner son isolement international, espionner les Occidentaux, dérober les technologies et les propriétés intellectuelles dont la Russie sera privée, tout en maintenant cette capacité de nuisance à causer des troubles par des opérations de désinformation."

Prudence pour les Ukrainiens mais aussi pour les Européens et les Alliés, puisqu’il n’est pas exclu que les cyberattaques s’intensifient autour du sommet de Madrid fin juin prochain, alors que la Suède et la Finlande vont demander à rentrer dans l’Alliance atlantique. Selon cet expert, l’Ukraine serait désormais à la manœuvre pour passer d’une position défensive à une position offensive dans le cyberespace. Et tenter à son tour d’endommager des infrastructures numériques sur le territoire russe.