Boutcha, Ukraine 2:15
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Marion Gauthier, édité par Nathanaël Bentura
À Boutcha, ville martyre proche de Kiev, où des dizaines de civils ont été exécutés par l'armée russe, Human Rights Watch a entamé une enquête sur d'éventuels crimes de guerre, après les accusations de «génocide» du président Volodymyr Zelensky. L'ONG a ainsi documenté un viol et sept exécutions sommaires.

"Il s'agit véritablement de crimes de guerre et ils seront reconnus par le monde comme un génocide", a déclaré ce lundi le président de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky, à Boutcha. Dans cette ville près de Kiev, tout juste reprise par les forces ukrainiennes, des dizaines, peut-être même des centaines de civils, ont été exécutés par l'armée russe. "Nous savons que des milliers de personnes ont tué et torturé", a ajouté le chef de l'État, "des femmes ont été violées et des enfants tués". Pour l'ONG Human Rights Watch, le recueil des preuves de ce qu'il s'est passé à Boutcha a commencé.

Documenter précisément les morts

Rachel Denber, de Human Rights Watch, est chargée d'enquêter sur les exécutions menées à Boutcha et de déterminer si la qualification de "crime de guerre" est justifiée. Elle collecte et croise les témoignages, les images satellites pour établir les circonstances précises d'une mort ou de violences. L'ONG a ainsi documenté un viol et sept exécutions sommaires.

"Nous avons interrogé une femme qui a vu des soldats russes rassembler des gens de son quartier. Ils ont mis au milieu d'eux cinq jeunes hommes, les ont fait s'agenouiller, mettre leur t-shirt sur leur tête. Puis ils ont tué l'un d'entre eux d'une balle dans la nuque. Nous craignons qu'il y ait plus de cas comme cela", a confié Rachel Denber au micro d'Europe 1.

"Notre crainte, c'est la destruction des preuves"

Le meurtre, la torture, la destruction de biens peuvent être qualifiés de crimes de guerre s'ils visent des personnes protégées, des civils ou des prisonniers de guerre. Amnesty International a notamment enquêté sur des frappes sur des hôpitaux ukrainiens. L'avocate Jeanne Sulzer parle de course à la documentation. "On enquête en temps réel alors que les crimes sont en train d'être commis. Notre crainte, c'est la destruction des preuves. On analyse, on sort des rapports, mais on garde effectivement tout pour qu'un jour, elles puissent être utilisées devant une juridiction."

Ces preuves compilées sont mises à la disposition des autorités judiciaires nationales et internationales qui peuvent les utiliser pour mener leur enquête. Ce lundi, l'Union européenne discute de nouvelles sanctions contre la Russie.