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Corée du Sud : arrestation du président suspendu, une première

Europe 1 avec l'AFP . 3 min
Des milliers de Sud-Coréens sont attendus dans les rues de Séoul ce samedi, au lendemain d'une tentative infructueuse d'arrêter le président déchu Yoon Suk Yeol.
Des milliers de Sud-Coréens sont attendus dans les rues de Séoul ce samedi, au lendemain d'une tentative infructueuse d'arrêter le président déchu Yoon Suk Yeol. © Philip FONG / AFP

Retranché depuis le 12 décembre 2024 dans sa résidence présidentielle avec sa garde, le président suspendu Yoon Suk Yeol a finalement été arrêté ce mercredi 15 janvier par les enquêteurs du Bureau d'enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO). Jamais un chef d'Etat sud-coréen en exercice n'avait été arrêté.

Le président suspendu en Corée du Sud, Yoon Suk Yeol, a été arrêté mercredi lors d'un assaut des enquêteurs, une mesure sans précédent à l'image de la crise politique provoquée par sa tentative ratée d'imposer la loi martiale début décembre.

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Yoon Suk Yeol "ne reconnaît pas" la légalité de l'enquête

Après une première descente qui avait tourné au fiasco début janvier, des agents du Bureau d'enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO) et de la police se sont présentés en nombre, avant l'aube, à la résidence où l'ancien procureur était retranché depuis des semaines dans un quartier huppé de Séoul.

Entrés dans son domicile en passant d'abord par-dessus le mur d'enceinte avec des échelles, les enquêteurs ont annoncé l'avoir appréhendé à 10H33 (01H33 GMT). Yoon Suk Yeol a ensuite été conduit aux bureaux du CIO, où il est en garde à vue. Jamais un chef d'Etat sud-coréen en exercice n'avait été arrêté.

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"J'ai décidé de répondre au Bureau d'enquête sur la corruption", a annoncé Yoon Suk Yeol dans un message vidéo, ajoutant qu'il ne reconnaissait pas la légalité de l'enquête mais qu'il s'y soumettait "pour éviter toute effusion de sang malheureuse".

Suspendu par les députés et visé par une enquête pour "rébellion", un crime passible de la peine de mort, Yoon Suk Yeol avait jusque-là refusé de répondre aux convocations, poussant les procureurs à recourir à des mandats d'arrêt afin de l'y forcer.

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Il "exerce son droit de garder le silence" pour le moment, a déclaré à la presse le CIO en début d'après-midi. Un responsable a expliqué que Yoon Suk Yeol refusait d'être filmé pendant son interrogatoire et qu'il passerait la nuit dans un centre de détention.

Un président suspendu depuis le 14 décembre

Yoon Suk Yeol peut être retenu pendant 48 heures en vertu du mandat en cours. Un nouvel ordre serait nécessaire pour éventuellement prolonger la durée.

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Dans un message publié sur Facebook après les événements, que l'ancien procureur affirme avoir écrit alors qu'il était barricadé chez lui, il répète ses accusations de fraudes électorales et invective de nouveau les forces "hostiles" attaquant la Corée du Sud, faisant allusion à Pyongyang.

Yoon Suk Yeol est dans la tourmente pour avoir instauré brièvement la loi martiale le 3 décembre, une mesure choc ayant rappelé les heures sombres de la dictature militaire. Il l'avait alors justifiée par sa volonté de protéger le pays des "forces communistes nord-coréennes" et d'"éliminer les éléments hostiles à l'Etat".

Au sein d'un Parlement cerné par des soldats, les députés avaient déjoué ses plans en votant un texte exigeant la levée de cet état d'exception. Mis sous pression par les élus, des milliers de manifestants prodémocratie et contraint par la Constitution, Yoon Suk Yeol avait dû obtempérer.

Il est suspendu depuis l'adoption le 14 décembre d'une motion de destitution à l'Assemblée nationale et attend le jugement de la Cour constitutionnelle pour savoir s'il sera définitivement démis ou rétabli dans ses fonctions. La juridiction a d'ici à la mi-juin pour se prononcer, Yoon Suk Yeol restant officiellement le président jusque-là.

"Le premier pas vers le retour de l'ordre"

Le 3 janvier, le Service de sécurité présidentiel (PSS), chargé de protéger les chefs de l'Etat, avait bloqué la tentative initiale du CIO d'exécuter un premier mandat d'arrêt contre Yoon Suk Yeol. Pour leur deuxième descente, motivée par un nouvel ordre d'arrestation, les autorités avaient prévenu qu'elles appréhenderaient quiconque ferait obstruction.

De brèves altercations avaient d'abord éclaté devant le portail de la résidence, où campaient des milliers de partisans résolus à défendre Yoon Suk Yeol. L'arrestation de Yoon Suk Yeol est "le premier pas vers le retour de l'ordre", a salué Park Chan-dae, chef des députés du Parti démocrate (principale force de l'opposition) au Parlement.

"L'histoire se souviendra inévitablement que le CIO et la police ont exécuté un mandat injuste et illégal", a pour sa part fustigé Kweon Seong-dong, son homologue du Parti du pouvoir au peuple (PPP) dont est issu Yoon Suk Yeol.

Le chaos "terminé", le président du Parlement Woo Won-shik a appelé à concentrer les "efforts sur la stabilisation des affaires de l'Etat et sur le rétablissement des moyens de subsistance de la population".

Mardi, la Cour constitutionnelle a formellement lancé le procès en destitution de Yoon Suk Yeol. Ce dernier ne s'est pas présenté à la première audience, dès lors écourtée, invoquant des "inquiétudes" concernant la sécurité. La procédure continuera même sans lui. Une deuxième audience est prévue jeudi.