Bulgarie : des migrants ligotés par des habitants, une ONG s'alarme

L'Etat bulgare ne veut pas devenir un axe majeur de transit des migrants.
L'Etat bulgare ne veut pas devenir un axe majeur de transit des migrants. © BULENT KILIC / AFP
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avec AFP , modifié à
Les incidents envers les migrants se multiplient en Bulgarie. Des milices privées ont entrepris de les chasser par elles-mêmes. 

Des défenseurs des droits de l'Homme ont exigé l'ouverture d'une enquête après la diffusion lundi en Bulgarie d'images de migrants ligotés par des civils et couchés par terre, alors que se multiplient les incidents impliquant des milices privées. "Il s’agit des images les plus brutales d’arrestations de migrants par des civils diffusées en Bulgarie. Si de telles initiatives sont laissées sans réaction, elles vont se multiplier", s'est alarmé Krassimir Kanev, président de l'ONG Comité d'Helsinki.

Des milices se livrent à la chasse aux migrants. Diffusée par plusieurs télévisions lundi, la séquence, filmée avec un téléphone portable, montre trois migrants, aux regards effrayés, couchés sur le ventre, les bras liés dans le dos, dans une forêt à la frontière bulgaro-turque. Invité à réagir par la chaîne bTV, le chef de la police frontalière Antonio Anguelov a relevé que cette action de particuliers est "au moins illégale". Les initiatives de "justiciers" autoproclamés se livrant à la chasse aux migrants dans les régions frontalières se sont multipliées ces derniers mois en Bulgarie, un pays partageant 269 km de frontière avec la Turquie. Dimanche, le Premier ministre Boïko Borissov avait mis en garde contre tout "dépassement de leurs droits" par ces civils. 

L'Etat renforce ses patrouilles à la frontière. Le dirigeant avait félicité quelques jours plus tôt un groupe de miliciens privés qui avaient signalé à la police une vingtaine de migrants près de la frontière bulgaro-turque, sans toutefois les molester. Ces activistes s'étaient vu décerner des certificats de mérite par Antonio Anguelov. La Bulgarie, qui craint de devenir un axe majeur de transit des migrants depuis le renforcement des contrôles en Grèce, a renforcé ses patrouilles à ses frontières et a entrepris de prolonger la clôture de 95 km qu'elle a érigée à sa frontière turque. Boïko Borissov a invité les riverains à faire preuve de vigilance face aux passages clandestins, tout en mettant en garde contre les débordements. "L'Etat est à nous tous, qui veut aider est le bienvenu", a-t-il déclaré.