Le Premier ministre Boris Johnson n'a pas réussi a faire voter l'accord du Brexit ce samedi. 1:27
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Anaïs Cordoba et Isabelle Ory, édité par Ariel Guez avec AFP , modifié à
Le vote historique n'a pas eu lieu. Samedi, les parlementaires britanniques ont une nouvelle fois acté la demande d'un report du Brexit, que Bruxelles a reçu d'un courrier de Boris Johnson tard dans la soirée. Ils pourraient néanmoins revoter dès lundi, tandis que les européens temporisent. 
ON DÉCRYPTE

À onze jours de la date-butoir du Brexit, Boris Johnson est obligé de revoir ses plans , après avoir été contraint par son Parlement de demander un report du divorce tout en martelant ne pas en vouloir. Une loi adoptée en septembre stipulait que si aucun accord de sortie n'était approuvé par le Parlement d'ici au 19 octobre, le Premier ministre devait réclamer un report du Brexit au 31 janvier 2020. Et samedi, les députés ont voté un report de leur décision sur l'accord négocié la semaine dernière entre Boris Johnson et les pays membres de l'Union Européenne. 

Résultat : les Européens se retrouvent dimanche avec trois lettres contradictoires. D'une part, Boris Johnson a tardivement envoyé la demande d'un report du Brexit samedi soir au président du Conseil européen Donald Tusk. Mais il ne l'a pas signé. Arrivé au pouvoir fin juillet sur la promesse de réaliser le Brexit à tout prix le 31 octobre, Boris Johnson est vent debout contre tout report de la sortie de l'UE, initialement prévue le 29 mars et déjà repoussée deux fois.

Trois documents envoyés à Bruxelles

Selon des sources gouvernementales, Boris Johnson aurait donc parallèlement envoyé à Donald Tusk une seconde note disant que personnellement, il ne souhaiterait pas ce report, comme il en avait averti les députés un peu plus tôt. "Je n'irai pas négocier un report avec l'Union européenne, et ça, la loi ne m'y oblige pas. Je vais dire à nos amis et collègues européen qu'un nouveau report serait nocif pour notre pays, pour l'Union européenne et pour la démocratie", avait-il clamé devant les élus samedi.

Un troisième document, rédigé par l'ambassadeur britannique auprès de l'UE, Tim Barrow, a par ailleurs été transmis à Bruxelles pour souligner que la demande de délai avait été uniquement envoyée afin de se conformer à la loi. 

Un nouveau vote dès lundi ?

"Boris Johnson humilié par le Parlement", titrait la presse ce dimanche. Mais malgré sa défaite, le Premier ministre compte poursuivre le processus législatif pour introduire ce nouvel accord dans la loi britannique. Il devrait tenter de forcer ce nouveau vote dès lundi, mais les députés ne comptent pas se laisser faire.

Forts de leur victoire, les parlementaires, eux, prévoient de proposer toute une série d'amendements au nouvel accord, comme par exemple soumettre le futur texte à un second référendum ou maintenir le Royaume-Uni dans l'Union douanière.

Côté Européen, on ne se presse pas

À Bruxelles, il n'y a pas de choc, mais plutôt du fatalisme et de la résignation. Les représentants des 27 États membres ont fait le point ce dimanche à Bruxelles. À priori, ils n'ont pas l'intention de se précipiter. Samedi soir à la réception des courriers britanniques, le président du Conseil européen a annoncé des consultations au niveau des dirigeants qui pourraient prendre plusieurs jours.

De son côté, l'Élysée a fait savoir que Paris ne souhaitait pas étudier la question d'un délai, tant que le Parlement de Westminster n'a pas voté sur le fond de l'accord. Si c'est Londres qui fait la demande, ce sont les 27 États membres qui trancheront et eux seuls. Comme ils ne veulent pas d'une sortie sans accord, ils finiront par retarder encore le Brexit s'ils n'ont pas le choix, sans forcément le dire tout de suite.