Marie Mendras est spécialiste de la Russie et de la Biélorussie. 3:10
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Jonathan Grelier , modifié à
La Biélorussie a détourné dimanche un avion de la compagnie aérienne Ryanair qui reliait la Grèce à la Lituanie afin d'arrêter un des opposants à son régime. Pour la chercheuse Marie Mendras, spécialiste de la Russie, Minsk a forcément obtenu l'aval de Moscou avant de faire un tel coup de force.
INTERVIEW

Sur ordre personnel de son président très contesté Alexandre Loukachenko, la Biélorussie a intercepté dimanche un vol Ryanair à bord duquel se trouvait notamment Roman Protassevitch, un journaliste et opposant au régime de Minsk. Celui-ci a été arrêté devant tous les autres passagers. Invitée lundi sur Europe 1, Marie Mendras, chercheuse au CNRS, professeure à Science Po et spécialiste des pays de l'est de l'Europe, a affirmé que l'approbation de la Russie vis-à-vis d'une telle opération était "une évidence". "Pas une seconde" il n'est possible de penser le contraire, a-t-elle ajouté.

Des réactions russes troublantes

Pour la chercheuse, l'une des preuves de cette collusion se trouve dans "les réactions officielles russes et les réactions des médias poutiniens en Russie". "Ils félicitent Loukachenko pour une opération spéciale très réussie", a constaté Marie Mendras qui regrette "cette capacité à jouer de la dérision pour se féliciter de l’action d’un dictateur avec lequel on est allié".

Marie Mendras s'étonne également de la présence probable de citoyens russes dans l'avion qui se seraient volatilisés après l'atterrissage de l'engin à Minsk, la capitale de la Biélorussie. "Il y avait à bord quatre personnes avec un passeport russe dont l’amie de Roman Protassevitch, Sofia Sapéga, qui a aussi été emprisonnée à l’arrivée à Minsk", raconte la professeure. "Et il y en avait trois autres dont on a plus la trace parce qu’ils ne sont pas remontés pour terminer le vol jusqu’à Vilnius !" Le vol reliait effectivement la Grèce à la Lituanie.

"Nous avons en Europe non pas un dictateur mais deux"

Pour Marie Mendras, l'enseignement à tirer de cet événement est clair. "Nous avons aujourd’hui en Europe non pas un dictateur avec Loukachenko, mais bien deux, le deuxième étant Vladimir Poutine", le président russe.