Attentats de Bruxelles : récit d'une journée meurtrière

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C.P.-R. et AFP , modifié à
RÉCIT - Trois jours après le double attentat ayant frappé Bruxelles, on en sait un peu plus sur le déroulement des faits et leurs auteurs. 

Il est 7h58 et 28 secondes ce mardi 22 mars, lorsqu'une puissante explosion survient dans le hall des départs de l'aéroport international de Bruxelles. Au niveau de la rangée 11 des comptoirs d'enregistrement, un kamikaze vient de déclencher son engin explosif, dissimulé dans un massif sac noir qu'il a déposé devant lui sur un chariot à bagages.

Double déflagration. A peine dix secondes plus tard, une deuxième déflagration retentit. Un second kamikaze vient de se faire exploser à son tour, à proximité de la rangée 2. Les plafonds s'effondrent, les vitres volent en éclats. A cette heure-ci de la journée, l'affluence est grande. C'est la panique totale. Les passagers en partance crient, se cachent sous les comptoirs ou les tapis à bagages. Au moins une dizaine de morts sont à déplorer.

La main gauche gantée. Sur une image de vidéosurveillance enregistrée peu avant la double explosion, on peut distinguer que les deux terroristes portent chacun un gant à leur main gauche. Celui-ci leur a probablement servi à masquer le détonateur, selon des médias belges. Ibrahim El Bakraoui, Belge de 29 ans, est l'homme du milieu. A sa droite, se trouve Najim Laachraoui, Belge de 24 ans. Tous deux étaient activement recherchés dans le cadre de l'enquête sur les attentats de Paris. A leur gauche, un troisième complice : bob sombre enfoncé sur le crâne, veste claire et lunettes de soleil masquant le regard.

Une troisième bombe n'explose pas. A la différence d'Ibrahim El Bakraoui et de Najim Laachraoui, il ne porte pas de gant. L'homme s'éloigne avant les explosions, après avoir déposé son grand sac. A l'intérieur de celui-ci, la charge explosive la plus importante. Mais la bombe n'a pas explosé. Ce sont les démineurs qui se sont chargés de neutraliser l'engin explosif, une fois l'aéroport évacué.

Une heure plus tard, station Maelbeek. A une dizaine de kilomètres de là, se trouve la station de métro Maelbeek. Dans ce quartier institutionnel où sont implantés la Commission européenne, le Conseil de l'UE et nombre d'ambassades, les gens se pressent pour se rendre au bureau. Il est 9h11, c'est l'heure de pointe. Khalid, le plus jeune des deux frères El Bakraoui, se fait exploser dans la deuxième rame du métro, selon les indications du procureur fédéral belge. Le métro était encore en station, direction l'arrêt Arts-Lois.

Un kamikaze accompagné. Le kamikaze de 27 ans, qui a causé la mort d'une vingtaine de personnes, n'était pas seul. D'après les derniers éléments de l'enquête, un homme accompagnait ce Belge qui a loué, sous un faux nom, une planque à Charleroi, ayant servi aux commandos du 13 novembre. Les caméras de vidéosurveillance du métro ont en effet filmé un individu, équipé d'un gros sac, au côté de Khalid El Bakraoui à la station Maelbeek. Tout comme l'inconnu de l'aéroport, cet homme est activement recherché par les services de police. 

Venus en taxi. Pour se rendre à l'aéroport de Bruxelles-National, les trois suspects n'ont pas hésité : ils ont tout simplement commandé un taxi. Auprès de la centrale téléphonique, ils ont demandé qu'un mini-van vienne les chercher, selon les médias belges, afin d'avoir la place nécessaire pour embarquer leurs larges sacs bourrés d'explosifs.

Mais le taxi qui vient les chercher est moins grand que prévu : le chauffeur les informe qu'il n'a pas assez de place dans son coffre pour faire rentrer toutes les valises. Lorsque le trio arrive à destination, le taximan n'est pas autorisé à porter ni à toucher leurs bagages. D'après son patron, Mustapha, interviewé par Europe 1, le chauffeur a senti une forte odeur d'ammoniaque et aperçu des traces blanches sur les valises.

Un précieux témoin. Mais ce n'est qu'un peu plus tard, en voyant l'image de vidéosurveillance diffusée par les médias belges, puis la police fédérale, que le chauffeur de taxi reconnaît les hommes qu'il a déposés le matin, et fait le lien. Il se manifeste alors auprès de la police. Et son témoignage va se révéler décisif. L'homme indique que ses passagers transportaient trois sacs. De nouvelles fouilles sont alors déclenchées à l'aéroport, et la troisième bombe retrouvée par les démineurs.

Une valise pleine de clous et de vis retrouvée. Enfin, son témoignage guide directement les enquêteurs à l'adresse d'où sont partis les terroristes. Direction rue Max Roos, dans la commune bruxelloise de Schaerbeek, pour une perquisition. Là, ils mettent la main sur 15 kilogrammes d'explosifs TATP, 150 litres d'acétone, des détonateurs, et une valise remplie de clous et de vis, indiquera le procureur belge. C'est sans doute ce bagage qu'ils n'ont pu charger à l'intérieur du véhicule, le coffre de celui-ci étant trop étroit. Non loin de cette planque, les policiers trouvent un ordinateur abandonné au fond d'une poubelle.

Un testament abandonné volontairement dans une poubelle. Cet ordinateur contient le testament audio d'Ibrahim El Bakraoui. Selon les informations d’Europe 1, cet ordinateur n’a pas été jeté mais déposé intentionnellement car il devait être récupéré par quelqu’un et transmis à un avocat, celui d’un des complices déjà arrêté. Dans celui-ci, le Belge confie "être dans la précipitation", "ne plus savoir quoi faire". Celui qui s'est fait exploser, tout comme son jeune frère, fait dans son texte une probable référence à Salah Abdeslam. Ecrivant que s'il s'éternise, il "risque de terminer à côté de lui dans une cellule".