Attaque du Hamas : doit-on craindre un élargissement du conflit au nord, à la frontière israélo-libanaise ?

Israël Liban
Les tensions grandissent à la frontière israélo-libanaise. © AFP
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Romain Rouillard / Crédit photo : AFP , modifié à
Alors que Tsahal prépare activement son offensive terrestre sur Gaza, dix jours après l'offensive destructrice perpétrée par le Hamas, le conflit entre l'État hébreu et le mouvement islamiste palestinien ouvre la voie à une intensification des tensions au nord, au niveau de la frontière israélo-libanaise.

Embourbé dans un conflit sanglant contre le Hamas, Israël pourrait rapidement devoir regarder vers le Nord. Dix jours après l'attaque terroriste menée par le mouvement islamiste palestinien, en territoire israélien, l'État hébreu doit désormais considérer une autre menace, alors que Tsahal prépare son offensive terrestre sur la bande de Gaza, en guise de riposte. 

Allié du Hamas, le Hezbollah, groupuscule islamiste chiite basé à Beyrouth, au Liban, a revendiqué, ce dimanche, être l'auteur du tir de missile ayant coûté la vie à un civil israélien dans la ville de Shtula. Ce à quoi l'État hébreu a répliqué en bombardant un poste-frontière en territoire libanais. Si Israël a réaffirmé son souhait de ne pas s'embarquer dans une guerre à la frontière nord du pays, le risque d'un élargissement du conflit existe bel et bien, confie à Europe 1 le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française à l'ONU. 

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Le souvenir de la guerre de 2006 

"Ça dépendra de Téhéran. Le Hezbollah est aux ordres de Téhéran", pose-t-il d'emblée. Car l'Iran, chiite, est le principal appui financier et logistique de l'organisation islamiste, les deux entités ciblant Israël comme ennemi numéro 1. En 2006, l'État hébreu et le Hezbollah s'étaient affrontés dans une guerre longue de 32 jours ayant eu pour point de départ la mort de huit soldats israéliens, tombés sous des roquettes tirées par le groupuscule chiite. D'un côté comme de l'autre, le souvenir est ancré dans les mémoires. 

Pour le général Trinquand, les tensions visibles à la frontière israélo-libanaise n'ont rien d'inédit, mais doivent inciter à la méfiance, au regard du contexte. "La frontière entre Israël et le Liban n'est pas reconnue, elle est toujours en discussion, c'est ce que l'on appelle la ligne bleue. Et du côté des fermes de Chebaa, il y a toujours des accrochages. Ce n'est pas forcément significatif d'une attaque majeure, mais ça veut dire que les choses bougent, que ça chauffe et qu'il faut faire attention à ce que tout cela reste contrôlable", alerte l'expert, pour qui tout dépendra de l'intensité de la manœuvre militaire menée par Israël à Gaza. Une riposte violente de l'État hébreu pourrait ainsi motiver Téhéran, et donc le Hezbollah, à agir contre Israël. "D'autant que le Hamas se fera fort de mettre des poupées en carton pour montrer qu'ils ont été tués", ajoute Dominique Trinquand.

Vers une "escalade incontrôlable" ?

Néanmoins, si le Hezbollah venait à attaquer frontalement l'État hébreu, le modus operandi pourrait différer de celui adopté par le Hamas. "Le Hezbollah est rarement rentré en Israël", indique l'ancien commandant de bataillon au Liban, écartant ainsi l'hypothèse d'une incursion meurtrière similaire à celle perpétrée par le mouvement islamiste palestinien. En revanche, une intensification des frappes sur Israël, voire "quelques raids visant à prendre trois ou quatre otages" font partie des scénarios plausibles.

Faut-il alors se préparer à une "escalade incontrôlable", comme le craint la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) ? Dominique Trinquand identifie tout de même un motif d'espoir : "Je pense que la politique israélienne est passée entre les mains des Américains. Et les Américains ont peur de l'extension du conflit et de la contagion qu'il pourrait y avoir dans les pays arabes. Aujourd'hui, les États-Unis essaient de reprendre des contacts avec Téhéran pour tenter de calmer les choses", conclut-il.