Après l'attaque sur la Rambla, la sécurité de Barcelone remise en question

attentat de Barcelone, policier, policier espagnol crédit : PAU BARRENA / AFP - 1280
Des forces de sécurité supplémentaires avaient été déployés sur la Rambla. Mais aucun bloc de béton n'empêchait aux véhicules de monter sur le terre-plein central. © PAU BARRENA / AFP
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M.B. avec agences , modifié à
En dépit des recommandations du ministère de l'Intérieur espagnol, la Rambla n'était pas protégée lorsqu'une voiture-bélier a foncé dans la foule, tuant 13 personnes.

"C'était pratiquement sûr que cela allait arriver ici." Pour Gabriel Rabarte, agent de sécurité dans un centre commercial près de la Rambla, l'attaque terroriste qui a frappé Barcelone, jeudi après-midi, ne faisait aucun doute. "Surtout après ce qui s'est passé à Nice." Dans la capitale catalane, comme sur la Promenade des Anglais il y a un peu plus d'un an, les terroristes ont utilisé une voiture-bélier pour foncer sur la foule et faucher les promeneurs. Et comme à Nice l'an dernier, des voix s'élèvent aujourd'hui à Barcelone pour critiquer le manque d'anticipation des autorités et des mesures de sécurité insuffisantes.

"Cible facile". C'est notamment l'absence de plots ou de barrière empêchant l'accès des véhicules au terre-plein central de la Rambla, artère ombragée très passante, qui est montrée du doigt. "Nous avons toujours dit que La Rambla était une cible facile", explique Jose Moya, qui travaille comme fleuriste depuis trente ans sur la célèbre avenue. "Je ne dis pas que c'est la faute de la police, mais il aurait pu y avoir des camions de la police bloquant l'entrée, cela aurait sauvé des vies." Pour Gabriel Rabarte, "il aurait dû y avoir des [blocs de béton], ou quelque chose du genre" pour bloquer voitures et camions.

Les blocs de béton ont été enlevés. D'autant que la présence de blocs de béton était une recommandation du ministère de l'Intérieur espagnol depuis décembre dernier et l'attentat sur un marché de Noël à Berlin. Pour la dernière Saint-Sylvestre, la ville de Barcelone avait suivi ces conseils et installé des plots de béton. La circulation des camions avait également été interdite du 31 décembre après-midi au lendemain matin. Mais comme le souligne le quotidien La Vanguardia, ce dispositif n'a pas été maintenu, alors qu'il est en vigueur à d'autres endroits de la ville, notamment aux abords de la Sagrada Familia, et que l'Espagne est à un niveau global d'alerte terroriste de 4/5. Rien n'a donc pu empêcher jeudi la course meurtrière de la fourgonnette sur le terre-plein central, où circulent normalement les piétons.

Plots et barrières. Dans d'autres villes européennes, des mesures ont été prises. Le marché de Noël des Champs-Elysées, à Paris, comme celui de Strasbourg, sont sécurisés avec des blocs de béton et des barrières. Sur les quais de Seine "piétonnisés", l'accès est entravé par des véhicules de forces de l'ordre. À Londres, plusieurs ponts ont été équipés de plots pour empêcher les véhicules de monter sur le trottoir, comme cela avait été le cas lors de l'attaque du London Bridge, début juin. "Après ce qui est arrivé hier, la ville de Barcelone devrait commencer à étudier des systèmes de protection pour prévenir de nouveaux actes terroristes", écrit La Vanguardia

"Une sécurité absolue est impossible". Du côté de la municipalité barcelonaise, on rappelle que des unités supplémentaires de police ont été déployées près de la Rambla pour la période estivale, pendant laquelle les touristes sont particulièrement nombreux. "Une sécurité absolue est impossible", a estimé la maire de Barcelone, Ada Colau, à la télévision catalane. "Cela signifierait renoncer à notre liberté et nous enfermer chez nous. Avoir un contrôle à 100% sur les nombreux endroits qui peuvent être pris pour cible dans une grande ville internationale comme Barcelone est impossible." Joaquim Forn, chargé des affaires intérieures à la généralité de Catalogne, a quant à lui dit "comprendre les critiques". "Mais cela n'est pas réalisable. On ne peut pas couvrir Barcelone de bornes en béton."

Les maires à l'initiative. Reste que les municipalités des grandes villes européennes, notamment les plus touristiques, sont bien décidées à s'emparer de la question au niveau local. Le maire de Nice, Christian Estrosi, a ainsi invité vendredi ses homologues à une rencontre en septembre pour discuter de la lutte contre le terrorisme. "Ce sont les maires désormais qui sont les premiers confrontés à cette violence", a-t-il expliqué. "Mais pourtant, ce ne sont pas ceux qui participent aux grandes réformes nationales et européennes."