La chancelière allemande, Angela Merkel, cèdera le pouvoir en septembre prochain. 10:56
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Pauline Rouquette
Alors qu'Angela Merkel tirera sa révérence en septembre, la grand reporter et lauréate du prix Albert Londres, Marion Van Renterghem, publie une nouvelle biographie de la chancelière allemande. Invitée d'Europe 1, jeudi, la journaliste revient sur ce qui fait de "la femme la plus puissante du monde" une dirigeante hors du commun.
INTERVIEW

"Elle me fascine profondément par sa différence", résume Marion van Renterghem, à propos d'Angela Merkel. Alors que le monde s'apprête à tourner la page Merkel, 16 ans après son arrivée à la chancellerie allemande, la grand reporter et lauréate du prix Albert Londres 2013 vient de publier une nouvelle biographie, C'était Merkel (Les Arènes). Invitée d'Europe 1, jeudi, Marion van Renterghem revient sur sa fascination pour cette dirigeante qu'elle suit depuis son arrivée au pouvoir, et qu'elle qualifie d'"icône pop".

"Pas d'équivalent dans le monde occidental d'un dirigeant à ce point moral"

"C'est quelqu'un qui ne joue pas, qui est totalement indifférente aux attraits du pouvoir, à l'argent, au luxe", énumère Marion van Renterghem. "Ce qui est fascinant, c'est qu'au bout de 16 ans, elle n'a absolument été atteinte par aucun de ces attributs, elle est totalement imperméable à cela, et c'est ce qui fait qu'elle va me manquer", poursuit la journaliste. La chancelière allemande, qui se caractérise avant tout par sa longévité au pouvoir est, selon Marion van Renterghem, "rentrée dans nos têtes comme une chanson populaire". Si bien qu'elle a aujourd'hui, "quelque chose d'une icône pop".

Une icône qui se démarque par sa morale, précise l'auteure de C'était Merkel. Née en 1954 à Hambourg, Angela Merkel a grandi en Allemagne de l'Est (ex-RDA), du "mauvais côté du mur". Si Marion van Renterghem évoque cette "morale" si caractéristique de la politique de la chancelière, elle la justifie justement par ses origines et le fait qu'elle ait été élevée "dans un pays qui n'existe plus". 

"Je ne vois pas d'autre équivalent dans le monde occidental d'un dirigeant à ce point moral", assure la journaliste, évoquant "une structure qui va puiser son enracinement et sa détermination dans cette dictature qui a été, pour Merkel, une sorte de contre-modèle en permanence, parce qu'elle l'a privée de sa liberté."

Elle "regardait la liberté de l'autre côté du mur" 

Plus jeune, Angela Merkel "regardait la liberté de l’autre côté du mur". C'est pourquoi, parmi tous les dirigeants occidentaux, "il n’y a personne qui, comme elle, peut éprouver dans sa chair la liberté comme elle", poursuit Marion van Renterghem, expliquant ainsi la réaction de la chancelière allemande, en 2015, face à la crise des réfugiés. Une réaction "qui était une sorte d'instinct, de rappel moral, et qui la définit comme une très grande européenne."

Quant à ce que sera la vie d'Angela Merkel dès l'automne prochain, lorsqu'elle fermera derrière elle la porte de la chancellerie, Marion van Renterghem l'assure encore : "Ce seront ses premiers pas de femme libre". Si le départ du pouvoir a d'ordinaire un goût amer pour toute personnalité politique abandonnant ses fonctions, elle, "y sera totalement indifférente", ajoute la journaliste. "Elle est profondément équilibrée, elle adore planter des tomates, marcher dans la montagne...", raconte-t-elle. "Elle va pouvoir réaliser tous les rêves qu’elle nourrissait en Allemagne de l’Est."