Allemagne : à la veille du scrutin, Merkel et Schulz se tournent vers les indécis

Angela Merkel, Martin Schulz, Tobias SCHWARZ / AFP 1280
La chancelière allemande, Angela Merkel, et son principal adversaire, le social-démocrate Martin Schulz, se sont efforcés samedi de convaincre les indécis de se rallier à leur projet à la veille des élections législatives. © Tobias SCHWARZ / AFP
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avec Reuters
Selon un sondage INSA publié samedi par Bild, le soutien des électeurs à la chancelière semble se tasser nettement sous les 41,5% obtenus aux précédentes élections, en 2013.

La chancelière allemande, Angela Merkel, et son principal adversaire, le social-démocrate Martin Schulz, se sont efforcés samedi de convaincre les indécis de se rallier à leur projet à la veille des élections législatives. Donnée largement favorite par les sondages, la dirigeante allemande, au pouvoir depuis 2005, pourrait obtenir un quatrième mandat consécutif tandis que le parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) s'apprête à faire son entrée au Bundestag, une première pour une formation d'extrême droite depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Le soutien de Merkel semble se tasser. Selon un sondage INSA publié samedi par Bild, le soutien des électeurs à la chancelière semble se tasser, nettement sous les 41,5% obtenus aux précédentes élections, en 2013, mais avec 34% des intentions de vote, les conservateurs de l'alliance CDU-CSU ont toutes les chances d'arriver en tête. Derrière, le SPD emmené par l'ancien président du Parlement européen est crédité de 21% contre 25,7% il y a quatre ans. Quant à l'AfD, l'institut INSA la mesure à 13% des intentions de vote, un score qui la place en troisième position.

En 2013, année de sa création, le parti n'avait obtenu que 4,7% des voix, échouant à dépasser le seuil de représentation au Bundestag, fixé à 5% des suffrages exprimés au niveau national. Le parti de la gauche radicale Die Linke est à 11% des intentions de vote (contre 8,6% en 2013). Les libéraux du FDP, tombés à 4,8% en 2013, sont donnés eux à 9% et devraient faire leur retour au Parlement quand les écologistes sont mesurés à 8% (contre 8,4% il y a quatre ans).

"Ce qu'il s'est passé en 2015 ne se répétera pas"

S'exprimant devant des partisans réunis à Berlin puis dans sa circonscription de Stralsund, Angela Merkel a appelé au rassemblement en mettant l'accent sur les enjeux défendus par les conservateurs : politique familiale, limitation des hausses d'impôts et renforcement de la sécurité. "Nous devons stimuler votre motivation afin d'être en mesure d'atteindre aujourd'hui beaucoup, beaucoup de gens. Ils sont nombreux à être indécis", a-t-elle dit sans sa circonscription du Land du Mecklembourg-Poméranie-Occidentale.S'il est important de promouvoir la justice sociale, a-t-elle dit, il faut aussi rappeler comment les conservateurs ont affermi la puissance de la première économie européenne.

Angela Merkel conserve une forte popularité, même si elle a dû cette année affronter les quolibets et les sifflets de militants d'extrême droite et d'extrême gauche lors de plusieurs rassemblements, ce qui ne lui était pas arrivé lors du scrutin de 2013. Vendredi à Munich, elle a défendu sa décision d'accueillir en 2015 environ un million de demandeurs d'asile, qu'elle a présenté comme une nécessité humanitaire, tout en promettant de faire en sorte qu'une telle crise ne se renouvelle pas. "Ce qu'il s'est passé en 2015 ne peut pas et ne se répétera pas", a-t-elle promis.

Le score de l'AfD scruté

Dans un entretien publié par le fournisseur d'accès à internet t-online.de, son ministre de l'Intérieur, le chrétien démocrate Thomas de Maizière, s'est engagé à combattre le "terrorisme islamiste" en renforçant les frontières européennes et la sécurité en Allemagne. Mais il s'est aussi élevé contre l'AfD, qu'il a qualifiée de "loup déguisé en agneau". Vendredi soir, Martin Schulz a demandé à ses partisans de ne pas relâcher leurs efforts pour convaincre les indécis et gonfler ainsi le score du SPD au détriment de l'AfD accusés de "creuser la tombe de la démocratie".

"Prenez ce droit de vote au sérieux." L'ancien président du Parlement européen, qui a du mal à faire entendre la voix du SPD après quatre années de coalition avec la CDU-CSU de Merkel, a assuré à Bild qu'il n'avait pas renoncé à la victoire, rappelant que les sondages situaient à 37% de l'électorat la part d'indécis. En meeting à Aix-la-Chapelle, dans l'ouest de l'Allemagne, il a promis de se battre pour chaque voix jusqu'à la fermeture des bureaux de vote, dimanche à 18h. "Jeunes gens, pensez au Brexit. Pensez à Trump. Allez voter. Prenez ce droit de vote au sérieux et utilisez-le", a-t-il dit.

Créée en 2013 pour lutter contre la monnaie unique européenne, l'AfD s'est progressivement muée en parti anti-immigration, exploitant l'impopularité de la décision d'Angela Merkel d'ouvrir les frontières aux réfugiés à l'été 2015 pour progresser dans les urnes lors des élections régionales. Plusieurs sondages lui accordent entre 11% et 13% des voix, un niveau qui lui permettrait de faire son entrée au parlement mais qui est éloigné du pic de 16% atteint fin 2016 dans les sondages. Le mouvement a promis de redynamiser le débat au Bundestag après quatre années "d'ennui".