Algérie : des milliers de personnes manifestent dans le centre d'Alger

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Les manifestants réclament le départ d'Abdelaziz Bouteflika, dont c'est le 4ème mandat. © RYAD KRAMDI / AFP
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avec AFP , modifié à
Plus de deux heures avant le début de la 4ème grande manifestation hebdomadaire, des milliers de personnes sont déjà rassemblées dans les rues d'Alger vendredi pour réclamer le départ d'Abdelaziz Bouteflika.

Une foule impressionnante manifeste dans le centre d'Alger pour un quatrième vendredi de contestation, et le premier depuis que le président algérien Abdelaziz Bouteflika a reporté l'élection présidentielle, prolongeant sine die son mandat au-delà de son terme prévu, le 28 avril.

Une nouvelle manifestation. Le nombre exact de manifestants est difficile à établir, ni les autorités ni les protestataires ne communiquant de chiffres. La mobilisation semble similaire à celle du vendredi précédent, jugée exceptionnelle par les médias et analystes algériens. Hommes, femmes et enfants ont commencé à marcher en début d'après-midi dans une ambiance festive dans les rues du centre de la capitale.

La décision du président Bouteflika de reporter l'élection présidentielle a été "saluée" quelques heures plus tard par le président français Emmanuel Macron qui a aussi appelé à "une transition d'une durée raisonnable". Vendredi, les manifestants portaient plusieurs pancartes rappelant les 132 ans de domination coloniale française, entre 1832 et 1962, année de l'indépendance du pays, conquise au prix de huit ans de guerre sanglante.

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Le rôle de la France mis en cause. "La France, 132 ans ça suffit, halte à l'ingérence", indique une pancarte. "L'Élysée, stop! On est en 2019, pas en 1830", date de la conquête de l'Algérie par la France, souligne une autre. D'autres dénoncent une présumée collusion entre Paris et le pouvoir algérien. "Résistance à l'alternance désignée par la France", peut-on lire sur une grande banderole. "Non à un système béni par la France !", dénonce une pancarte. "FLN = Réseau de lobbying de la France", indique une autre en anglais, en référence au Front de Libération nationale (FLN) au pouvoir depuis l'indépendance de l'Algérie.

Certaines pancartes ironiques s'adressent directement au président français : "Macron, tu es trop petit pour l'Algérie d'aujourd'hui". "Macron, occupe-toi de tes Gilets jaunes", peut-on lire sur une grande banderole qui fait référence à la contestation en France des "gilets jaunes" qui critiquent la politique du président Macron.

"La France nous a fait beaucoup de tort" en saluant la prolongation du mandat du président Bouteflika, affirme Mounira, 77 ans, enseignante universitaire à la retraite. "Les autres pays suivent souvent la position de la France sur l'Algérie", explique-t-elle, dénonçant de la part de la France "une vision biaisée des manifestations et de l'Algérie".