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Geoffrey Branger
Ce samedi, les agriculteurs et pêcheurs manifestent à Boulogne-sur-Mer pour s'opposer aux politiques européennes. Jeudi, le Parlement européen a prolongé d'un an les accords commerciaux avec l'Ukraine, ce qui pourrait porter préjudice aux agriculteurs français.

L'Europe est au cœur des revendications des agriculteurs et des pêcheurs. Ils manifestent ensemble ce samedi à Boulogne-sur-Mer pour dénoncer ce qu'ils appellent les "diktats de Bruxelles". Alors que jeudi, le Parlement européen a prolongé d'un an les accords commerciaux avec l'Ukraine, ces accords risquent de fragiliser un peu plus la situation des agriculteurs français.

Les agriculteurs et leurs représentants syndicaux estiment que les produits importés d'Ukraine (céréales, œuf, volaille), qui sont très peu coûteux, font chuter les cours et donc les prix de vente des producteurs français. "On a multiplié l'importation des céréales par 17. On laisse passer et on augmente les entrées de volailles. Aujourd'hui, le prix du blé n'a jamais été aussi bas depuis quasiment dix ans", explique Patrick Legras, porte-parole de la Coordination rurale. "On a des stocks européens qui n'ont jamais été aussi élevés avec des prix ukrainiens et également des prix russes qui n'ont qu'un seul but, c'est écouler leur marchandise quoi qu'il arrive."

"Variable d'ajustement"

D'autant que ces produits importés d'Ukraine ne respectent pas les mêmes normes qu'en France, notamment sur les produits phytosanitaires ou les modes d'élevage. Pour Philippe Chalmin, économiste et spécialiste des marchés de matières premières, cet accord montre surtout que l'Europe fait passer les agriculteurs au second plan. "L'agriculture ukrainienne appartient à des conglomérats détenus par des oligarques. Ce n'est pas le modèle agricole qui est le modèle dominant en Europe. Donc c'est vrai que le monde agricole, à juste raison, peut dire 'oui, c'est bien, nous soutenons l'Ukraine, mais nous sommes quand même un peu la variable d'ajustement'."

Ce que dénoncent les syndicats qui voient dans ce prolongement une provocation et assurent que leur mobilisation continuera. Il n'exclut pas non plus un nouveau durcissement du mouvement, notamment au moment des élections européennes et des Jeux olympiques.