Un trader trop cynique pour être vrai ?

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avec agences , modifié à
Alessio Rastani a lancé qu’il "rêvait d’une récession". Un "faux" bien orchestré ?

Alessio Rastani est-il un vrai trader, ou un personnage inventé en pleine période de crise financière ? La question agite le monde des médias, et celui de la finance, depuis la diffusion, lundi, par la BBC, d’une interview empreinte de cynisme.

"Je rêve d’une récession"

Dans cette vidéo de trois minutes, le jeune trader dévoile avec une honnêteté déconcertante les rouages du monde boursier. "J'ai une confession à faire : je vais au lit tous les soirs et je rêve d'une autre récession (...). Personnellement, j'ai rêvé de ce moment depuis trois ans", a déclaré Alessio Rastani.

Le trader aurait pu se contenter de cette sortie brutale, mais il poursuit : "Les gouvernements ne dirigent pas le monde. Goldman Sachs (banque d'affaires américaine) dirige le monde". Il en remet une couche en confiant "se foutre" pas mal de la crise de la zone euro, l’important étant "de se faire de l’argent".

Voici l'interview du trader Alessio Rastani accordée à la BBC :

Un coup des Yes Men ?

Si certains médias se sont jetés tête la première sur les déclarations d’Alessio Rastani - comme The Independant titrant sur "le trader qui lève le voile sur ce que pense vraiment la City" - d’autres s’interrogent la possibilité d’une supercherie

En première ligne : les Yes Men, qui organisent régulièrement de faux événements pour dénoncer le libéralisme. Le groupe d’activistes s’est notamment illustré en 2004 en donnant une interview bidon à la BBC. L'un d'eux, Andy Bichlbaum s'était fait passer pour un porte-parole de Dow Chemical et assurait que la société allait indemniser les victimes du désastre de Bhopal en Inde en 1984.

Sur leur site Internet, les Yes Men ont toutefois démenti être impliqués dans cette affaire.

"Je croyais que tout le monde connaissait ce genre de choses"

Sommé de s’expliquer, la BBC assure dans un communiqué et sur Twitter avoir "mené une enquête" et n'avoir trouvé "aucune preuve qui suggère que l'interview d'Alessio Rastani était une farce".

Après le lancement de plusieurs hypothèses sur le profil du trader, il faut se rendre à l’évidence, Alessio Rastani n’est pas un hoax, un canular orchestré sur Internet. Son compte Twitter, qui regroupe près de 7.000 abonnés, sa page Facebook et son blog créé en 2010, en atteste.

L'homme en question a répondu à plusieurs médias dans la journée de mardi pour confirmer qu'il s'appelait bien Alessio Rastani, qu'il était bien trader indépendant, et qu'il pensait tout ce qu'il avait dit. Recontacté par la BBC,  il a avoué son étonnement. "Je croyais que tout le monde connaissait ce genre de choses".