Ukraine : Fabius en première ligne

Laurent Fabius est l'un des trois émissaires dépêchés par l'Union européenne pour tenter de régler la crise ukrainienne.
Laurent Fabius est l'un des trois émissaires dépêchés par l'Union européenne pour tenter de régler la crise ukrainienne. © WALID BERRISSOUL/EUROPE 1
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avec Walid Berrissoul , modifié à
Le ministre des Affaires étrangères s'est déplacé à Kiev pour tenter de régler la crise ukrainienne.

Laurent Fabius va passer la nuit à Kiev. Initialement, le ministre des Affaires étrangères ne devait rester que quelques heures dans la capitale ukrainienne, à feu et à sang après l’assaut donné par la police contre les manifestants. C’est pour régler cette crise que le ministre français s'y est rendu, accompagné par ses homologues allemand, Frank-Walter Steinmeier, et polonais, Radoslaw Sikorski. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la mission des trois émissaires de l’Union européenne est loin d’être simple, dans une ville en proie au chaos.

>> Mise à jour : Laurent Fabius a quitté Kiev pour Pékin dans la nuit de jeudi à vendredi, selon des journalistes qui l'accompagnaient, car "il ne pouvait pas reculer son départ", a indiqué jeudi le porte-parole du Quai d'Orsay Romain Nadal.

"Trouver une issue politique". Pour Laurent Fabius, les objectifs sont clairs, à défaut d’être simples. "C’est d’abord d’arrêter les massacres. Il y a une trêve qui a été décidée cette nuit (jeudi soir, ndlr), mais enfin elle va durer vraisemblablement le temps de notre visite, mais après, on n’en sait rien", a prévenu le ministre des affaires étrangères, interrogé par Europe 1. "Puis annoncer (au pouvoir)  qu’il va y avoir des sanctions ciblées qui vont être prises qui touchent les visas, qui touchent les portefeuilles, les avoirs. Et puis discuter des moyens de trouver une issue politique. Pour ma part, je pense qu’il n’y a pas d’autre issue politique que d’aller aux élections. Quand il y a une situation aussi bloquée, il faut retourner vers le peuple", a-t-il insisté. En début de soirée, le président Ianoukovitch avait accepté cette perspective d’un scrutin en 2014, selon le premier ministre polonais, Donald Tusk. Mais il reste encore beaucoup à faire avant de finaliser un accord.

Un palais présidentiel bunkerisé. Le Maïdan, la place  de l'Indépendance occupée depuis maintenant trois mois par l'opposition, a été le théâtre des violents affrontements qui ont fait 77 morts dans la nuit de mercredi à jeudi. Or, cette place ne se situe qu’à quelques centaines de mètres du palais présidentiel où se trouve Viktor Ianoukovitch. Le bâtiment a désormais des allures de bunker imprenable, au point que Laurent Fabius, Frank-Walter Steinmeier et Radoslaw Sikorski ont dû franchir à pied le cordon de policier déployés pour entrer dans le bâtiment. Et quand ils en sont sortis, Laurent Fabius a refusé de répondre aux journalistes. "Pour des questions de sécurité, car il y a des tirs", a expliqué le chef de la diplomatie française.

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© Reuters

Un bras de fer avec Ianoukovitch. Une fois entré, il a fallu pour les trois ministres européens débuter les négociations avec le président ukrainien, certainement pas la partie la plus aisée de leur mission. Car comme le confiait Laurent Fabius à Europe 1 dans l’avion pour Kiev, "Ianoukovitch est un dur". Les discussions se sont apparentées à un bras de fer long de quatre heures. Et les conseillers de chaque ministre ont été priés de rester à l’extérieur, dans le froid, derrière le cordon de sécurité. Des discussion tellement ardues que le premier projet d'accord a été rejeté, selon Vladimir Klitschko, l'une des figures du mouvement contestataire. De quoi convaincre Laurent Fabius de rester à Kiev une nuit de plus.

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