Ukraine : le ton monte après le bain de sang

A Kiev, les affrontements ont fait plus de 60 morts jeudi.
A Kiev, les affrontements ont fait plus de 60 morts jeudi. © REUTERS
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Au moins 60 personnes ont été tuées jeudi à Kiev, où ont été dépêchés trois ministres européens, dont Laurent Fabius.

L'ESSENTIEL

- Sur la place Maïdan et à proximité, les affrontements ont fait plus de 60 morts parmi les manifestants.

- Trois ministres européens des Affaires étrangères, dont Laurent Fabius, sont à Kiev pour discuter d'un plan de sortie de crise. Les négociations sont "très difficiles".

- Les ministres européens ont trouvé un accord sur des sanctions contre ceux dont les mains "sont tachées de sang".

La chaîne Espreso TV propose de suivre les événements en direct depuis Kiev :

LES ÉVÉNEMENTS DE JEUDI

D'après le ministère ukrainien de la Santé, le bilan des violences s'élève à 75 morts depuis mardi. 

Après des entretiens téléphoniques, le gouvernement allemand publie un communiqué dans lequel on apprend que la chancelière Angela Merkel, le président américain Barack Obama et le président russe Vladimir Poutine "se sont accordés pour dire qu'il fallait trouver une solution politique à la crise en Ukraine".

20h40 : Toujours pas d'accord. Laurent Fabius explique qu'il n'y a pas d'accord "pour l'instant" et fait état de négociations "très difficiles". Même son de cloche du côté de l'opposant Vitali Klitschko, pour qui il n'y a toujours "aucun accord" pour sortir de la crise.

Donald Tusk, le Premier ministre polonais, explique que les trois ministres européens à Kiev sont en train de négocier sur un document qui pourrait permettre de "mettre fin aux violences", selon The Guardian. Viktor Ianoukovitch serait prêt à accepter des élections anticipées, assure le chef du gouvernement polonais.

19h24 : L'appel de Timochenko. Ioulia Timochenko, l'ex-Premier ministre emprisonnée, réclame depuis sa cellule "la mise à l'écart immédiate de Ianoukovitch et les poursuites contre lui pour meurtres massifs de civils".

19h25 : Ianoukovitch pas visé par les sanctions. Viktor Ianoukovitch et son gouvernement ne seront pas visés par les sanctions de l'Union européenne, car, selon un diplomate, l'UE ne veut pas couper les canaux de communication, explique la correspondante d'Europe 1 à Bruxelles.

>> A LIRE AUSSI : Le point sur les sanctions décidées par l'Union européenne

19h22 : Des colombes et une masse. C'est tout un symbole : ce manifestant photographié dans le centre de Kiev porte une masse sur laquelle se sont posées deux colombes.

19h00 : "La peur humaine qui vous traverse". Alexandre, un Ukrainien venu de Paris, raconte à l'envoyé spécial d'Europe 1 avoir vu "une fille habillée en civil, en blanc, blessée dans le cou" et explique : "quand vous voyez le sang couler sur des personnes innocentes, quand vous restez à 35 mètres, vous avez une pensée de la peur humaine qui vous traverse". Et le manifestant d'ajouter : "je comprends que notre président actuel n'ait rien à perdre, mais j'espère qu'il a encore des sentiments humains".

18h57 : Visite guidée. La place de l'Indépendance et ses alentours sont devenus un champ de bataille. Europe1.fr vous permet de mieux visualiser les lieux grâce à cette carte illustrée. (Passez votre souris sur la carte et cliquez sur les points rouges pour obtenir des précisions)

18h44 : "Je n'ai jamais vu ça". Le hall de l'hôtel de l'envoyé spécial d'Europe 1 s'est transformé en hôpital de fortune. Natalya, qui prend en charge les blessés, confie que "sans salle d'opération ni instruments chirurgicaux, on ne peut pas aider tout le monde". D'un côté, des personnes soignées sur des tables, avec des porte-manteaux pour accrocher des sacs de perfusion. De l'autre, une dizaine de corps, recouverts d'un drap blanc. Natalya, qui travaille dans un hôpital, "a déjà vu beaucoup de choses". "Mais là, on est en panique. Je n'ai jamais vu ça et j'espère ne plus jamais le revoir".

Dans le hall de l'hôtel

© Jean-Sébastien Soldaïni/EUROPE 1

D'après Emma Bonino, la ministre italienne des Affaires étrangères, les ministres réunis à Bruxelles se sont mis d'accord sur des sanctions contre "ceux qui se sont tachés de sang". "Nous avons pris la décision, en étroite coordination avec les trois ministres qui négocient à Kiev, de procéder très rapidement, dans les prochaines heures, pour priver de visas et geler les avoirs de ceux qui sont tachés de sang", a indiqué la ministre.

18h00 : Une manifestation à Paris. Le collectif J'aime l'Ukraine a appelé à à un rassemblement de soutien aux manifestants jeudi près du ministère des Affaires étrangères à Paris.

17h54 : Tirs des forces antiémeutes. Une vidéo postée par Radio Svoboda, une radio ukrainienne financée par le Congrès américain, montre des membres des forces ukrainiennes en train de tirer :

Les ministres des Affaires étrangères français, allemand et polonais négocient un plan de sortie de crise avec Viktor Ianoukovitch, le président ukrainien. Laurent Fabius, Frank-Walter Steinmeier et Radoslaw Sikorski restent à Kiev jusqu'à vendredi.

17h21 : La Maison-Blanche "scandalisée". "Nous sommes scandalisés par les images des forces de l'ordre ukrainiennes en train de tirer à l'arme automatique contre leurs concitoyens", lance le porte-parole de Barack Obama, demandant à l'armée de "ne pas s'impliquer dans un conflit qui pourrait être résolu par des moyens politiques".

16h19 : Des policiers capturés. 67 policiers ont été capturés par les manifestants, selon le ministère de l'Intérieur, qui envisage de recourir à la force pour les libérer et ajoute : "les forces de l'ordre ont le droit d'utiliser des armes pour libérer leurs collègues".

D'après Le Monde et CNN, le bilan s'élève désormais à 100 morts du côté des manifestants depuis jeudi matin.

Laurent Fabius et ministres des Affaires étrangères polonais et allemand vont rester plus longtemps que prévu à Kiev. Ils informeront à distance leurs homologues européens qui participent à une réunion d'urgence à Bruxelles. Le ministre français indique sur Twitter qu'il va "rencontrer à nouveau les trois leaders de l'opposition".

15h50 : Un médiateur russe à Kiev. Vladimir Poutine a décidé d'envoyer à Kiev un représentant de la Russie pour participer à une médiation avec l'opposition, à la demande du président ukrainien. C'est son délégué aux droits de l'Homme, Vladimir Loukine, qui va faire le voyage.

Les services médicaux de l'opposition font état de plus de 60 manifestants tués par balle dans le centre de Kiev. Sur les images diffusées par la chaîne Espreso, on peut voir des manifestants se recueillir devant les cadavres.

15h20 : Aveux. Le régime de Ianoukovitch admet avoir utiliser des armes à feu, mais précise que les forces de l'ordre n'ont fait que répondre aux tirs des manifestants. De la "légitime défense", selon un communiqué. Le ministre de l'Intérieur a affirmé avoir signé un décret permettant à la police de recevoir "des armes de combat qui seront employées conformément à la loi".

15h00 : Calme relatif. Après une matinée meurtrière, les violences semblent se calmer cet après-midi. La fumée qui se dégageait de la place Maidan n'envahit plus l'air de Kiev. Les députés se sont par ailleurs réunis à la Rada, le parlement national. Après l'union le temps de l'hymne national, l'hémicycle est dispersé, parfois même tendu. On a pu observer de légers accrochages entre des députés.

"Des manifestants place de l'Indépendance à Kiev, mais cela pourrait aussi être une scène d'un film de guerre".

14h55 : Un instant de répit. En marge des manifestations qui ont pris le visage d'une insurrection, des policiers se reposent près du Parlement ukrainien, à quelques rues de la place Maidan.

 

14h50 : Les gros titres de Russia Today. La capitale ukrainienne fait également les gros titres de la chaîne de télévision Russia Today. "La trêve échoue en Ukraine, les émeutiers renouvellent leur offensive à Kiev", peut-on y lire.

14h27 : Kiev à la Une de The Economist. L'hebdomadaire britannique consacre sa Une de cette semaine à l'Ukraine, avec ce titre : "L'enfer de Poutine".

14h19 : Merkel presse Ianoukovitch. La chancelière allemande a téléphoné au président ukrainien pour le presser d'accepter un soutien européen au dialogue avec l'opposition.

14h00 : L'UE est favorable à des sanctions. D'après le projet de communiqué de la réunion des ministres des Affaires étrangères, l'Union européenne se prépare à soutenir des sanctions contre les responsables des violences en Ukraine et à imposer un embargo sur les armes à destination du pays. Ce projet de communiqué n'est toutefois pas un document définitif et une décision finale doit être prise plus tard dans la journée.

13h23 : Des scènes de guerre à Kiev. Corps à terre, blessés et tirs à balles réelles : les photos des affrontements de la place Maïdan sont impressionnantes.

>> Retrouvez les images des affrontements

Scène large manifestatio Ukraine

© Reuters

13h10 : Tirs nourris à Kiev. Une vidéo montre des manifestants pris pour cibles par des snipers. Il est impossible de savoir quel est le calibre des munitions utilisées, ni même de connaître l'origine des coups de feu.

13h05 : Défection. Le maire de Kiev quitte le parti du président Viktor Ianoukovitch. "Je suis prêt à tout faire pour arrêter la lutte fratricide et le bain de sang dans le coeur de l'Ukraine, sur la place de l'Indépendance", a déclaré Volodymyr Makeïenko. "La vie humaine doit être la valeur supérieure dans notre pays et rien ne doit contredire ce principe", pas même l'appartenance au Parti des régions.

12h58 : "Restez chez vous". C'est le message que la police a envoyé aux habitants de Kiev. Le ministère de l'Intérieur leur a demandé de ne surtout pas se rendre au centre-ville, où se déroule les violences. "En ce moment, il vaut mieux limiter les déplacements en voitures particulières et ne pas sortir dans la rue", a averti le ministère. "Il y a des gens armés avec des intentions agressives dans les rues de Kiev."

12h49 : Le ministre russe des Affaires étrangères tape du poing sur la table. Sergueï Lavrov estime que l'Occident n'a pas à imposer de sanctions à l'Ukraine. Ce "chantage" est totalement "inapproprié", pour le ministre russe. Il soupçonne des forces radicales de fomenter une guerre civile dans le pays. Moscou a par ailleurs décidé de suspendre le versement d'une aide de deux milliards de dollars à Kiev, en attendant que la situation se calme.

12h21 : Snipers. Ils agissent dans un camp comme dans l'autre. Les snipers ont fait deux victimes du côté des forces de l'ordre, d'après le ministère de la Santé ukrainien, tandis que les médecins volontaires qui soignent les manifestants blessés ont constaté que ces blessures venaient probablement de snipers. Treize d'entre eux "ont été tués d'une seule balle, personne n'a eu deux ou trois blessures", a confirmé le docteur Dmytro Kachine à l'agence Interfax. Parallèlement, le sommet européen de Bruxelles a été retardé de quelques heures afin de permettre aux ministres européens de clore les négociations avec le président Ianoukovitch.

Fusil

© Les manifestants aussi sont armés.

12h05 : Photos-choc. S'il est impossible de déterminer d'où elles proviennent, plusieurs opposants au régime ont posté des photos de balles "utilisées par la police anti-émeute". 

La photo d'Alexander Pipa, un célèbre musicien ukrainien blessé pendant les affrontements, a également fait le tour du web.  

11h34 :

. Selon les dernières estimations de l'AFP, on dénombre pas moins de 25 morts aux alentours de la place Maïdan. Huit sur le seuil de la poste centrale, dix autres devant l'hôtel Kozatski et sept dans le hall de l'hôtel Ukraïna.

11h19 : Accusations mutuelles. La réponse de l'opposition ne se fait pas attendre. Après que le gouvernement ait accusé les manifestants de "tirer pour tuer", les contestataires pointent du doigt des provocations du gouvernement. "La reprise des affrontements sur le Maïdan pendant la trêve annoncée est une provocation délibérée du pouvoir", affirme le porte-parole. La bataille entre les deux camps se règle autant à coup de fusils que de communiqués.

11h15 : 

 Selon Reuters, on compte 21 corps dans les rues de Kiev, près de la place Maidan.

10h52 : Réponse de la présidence. Le gouvernement ukrainien déclare que les violences ont fait des "dizaines" de morts et de blessés du côté des forces de l'ordre. Le gouvernement pointe du doigt la responsabilité des manifestants dans les heurts qui sont survenus ce matin à 8 heures. "Ils sont passés à l'offensive. Ils fonctionnent en groupes organisés. Ils utilisent des armes à feu, notamment des fusils de snipers. Ils tirent pour tuer", écrit la présidence dans un communiqué. Selon le site La voix de la Russie, le ministère de l'Intérieur déplore quand à lui une vingtaine de policiers blessés par un sniper. Le gouvernement semble toujours vacillant, en attendant une probable riposte des forces de police, le siège du gouvernement a été évacué par le personnel.

10h44 :

. La réunion entre les trois ministres européens et le président Ianoukovitch a finalement lieu. Elle se déroule en ce moment-même dans palais présidentiel. Au même moment, l' AFP dénombre dix-sept morts chez les manifestants depuis le début des affrontements ce matin. Dix corps jonchent le sol de l'hotêl Kozatski, les journalistes en ont dénombré sept de plus dans le hall de l'hôtel Ukraïna. 

Jean-Sébastien Soldaïni, envoyé spécial à Kiev, relate l'ambiance tendue aux alentours de la place.

EXTRAIT - L'ambiance "tendue" en direct de Kievpar Europe1fr 

10h26 : Déclaration. Dimitri Medvedev, le Premier ministre russe, dénonce l'absence de considération envers le gouvernement ukrainien sur lequel, selon lui "on s'essuie les pieds". "Il faut que nos partenaires aient du tonus, que le pouvoir en exercice en Ukraine soit légitime et efficace, qu'on ne s'essuie pas les pieds dessus comme sur une serpillière", a-t-il déclaré devant son gouvernement. Le porte-parole du gouvernement allemand annonce quand à lui que les ministres européens présents à Kiev espèrent toujours rencontrer le président Ianoukovitch après avoir été baladés d'un bout à l'autre de la ville. 

10h22 : La réunion pas annulée. Les ministres européens sont de retour au palais présidentiel selon le Quai d'Orsay.

OKFABIUS

© WALID BERRISSOUL/EUROPE 1

Ils devraient finalement rencontrer le président ukrainien, comme en témoigne ce tweet du ministre polonais des Affaires Etrangères.

10h19 :

Des photos des forces de l'ordre positionnées aux alentours de la place circulent sur Twitter. Si les représentants d'Euromaïdan parlent de snipers embusqués, il s'agit en fait de policiers armés de fusils classiques. Ils tirent à balles réelles et le bilan s'alourdit d'heure en heure depuis ce matin. De leur côté, certains manifestants sont également armés. Sur la place est très difficile de distinguer les forces de l'ordre officielles des milices qui épaulent le gouvernement. Le bilan établi par l'AFP atteint 11 morts en deux heures seulement.

10h00 : Des miliciens sur la place. Selon une source russe confirmée par le compte Twitter du mouvement Euromaïdan, plusieurs Titoushki, cette milice financée par l'Etat pour désorganiser les manifestants, ont été capturés sur la place. Ils étaient munis de Kalachnikov, toujours selon Euromaïdan. Les manifestants, qui ont réinvesti la totalité de la place, érigent des barricades de pneus et semblent s'attendre à une contre-attaque des forces du gouvernement.

 

09h50 : Changement de dernière minute. Les ministres européens annulent leur rencontre dans le palais présidentiel avec Ianoukovitch pour "raison de sécurité". Laurent Fabius avait pourtant pénétré dans le bâtiment accompagné de ses homologues allemands et polonais. Ils sont ressortis accompagnés de leur cortège et devraient rejoindre le président Ianoukovitch dans un lieu plus sécurisé. Des tirs à balles réelles surviennent en effet régulièrement aux abords du palais. Le ministre des Affaires Etrangères polonais Radoslaw Sikorski parle d'un sentiment de "panique" qui agite les membres du gouvernement ukrainien.  

09h40 : Un mort et dix blessés. L'une des figures de l'opposition, l'ancien boxeur Vitaly Klitschko, affirme que des snipers sont disposés autour de la place Maïdan et tirent sur les manifestants. Le bilan s'alourdit selon l'AFP, qui dénombre désormais un mort et dix blessés. L'envoyé spécial d'Europe 1 s'est actuellement retranché dans son hôtel où le hall est devenu un hôpital de campagne qui accueille les blessés.

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© Jean-Sébastien Soldaïni/Europe 1

09h37 : Rencontre diplomatique. Après avoir rencontré les leaders de l'opposition, Laurent Fabius et ses deux collègues allemand et polonais se sont frayés un chemin jusqu'au palais présidentiel de Ianoukovitch. Les trois ministres ont été protégés par un cordon de policiers, bouclier au poing.

09h18 : Boycott olympique. Deux athlètes de la délégation ukrainienne quittent les Jeux de Sotchi. L'ancien perchiste ukrainien Sergeï Bubka, qui avait appelé à une "trêve olympique", déclare qu'il "respecte la décision" de ses compatriotes.

09h10 :

Le hall de l'hôtel de la presse, situé à proximité immédiate de la place Maïdan, se transforme peu à peu en hôpital improvisé. Selon l'envoyé spécial d'Europe 1 à Kiev, six personnes blessées et un mort viennent d'y être déposés par les manifestants.

8h34 : la charge des manifestants. Des centaines de manifestants ont chargé jeudi matin le cordon de police sur le Maïdan à Kiev, reprenant le contrôle de la place, en dépit d'une trêve annoncée par les autorités. Des protestataires ont aussi emmené des policiers qu'ils ont capturés avec eux.

7h25 : le dernier bilan. Le bilan des violences à Kiev est passé de 26 à 28 morts et 287 personnes restent hospitalisées, a annoncé jeudi le ministère ukrainien de la Santé.
Le ministère a précisé dans un communiqué posté sur son site internet que quatre jeunes de moins de 18 ans et deux citoyens étrangers faisaient partie des blessés lors de violences mardi soir dans la capitale ukrainienne.

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