Turquie : le pouvoir "s'excuse"

Les officiers de police tentent de mettre fin aux barricades.
Les officiers de police tentent de mettre fin aux barricades. © Reuters
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Charles Carrasco avec AFP , modifié à
L'ESSENTIEL - Au 5e jour de troubles, deux personnes ont été tuées et près de 2.000 blessées.
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Quel bilan humain ? Au cinquième jour des troubles, la mobilisation est en train de gagner toute la Turquie qui compte ses premiers morts. Deux personnes sont décédées.

Un jeune homme de 22 ans est mort lundi soir lors d'une manifestation dans le sud de la Turquie. "Abdullah Comert a été grièvement blessé (...) par des coups de feu tirés par une personne non identifiée", a indiqué la télévision NTV citant un communiqué du gouvernement local de la province de Hatay, près de la frontière syrienne. La police a ouvert une enquête sur les circonstances de la mort du jeune homme.

La mort d'une première personne en liaison avec les troubles avait été signalée un peu plus tôt par l'Union des médecins turcs : il s'agit du décès d'un jeune homme tué dimanche soir des suites de ses blessures à Istanbul par une voiture ayant percuté la foule.

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Des blessés. Plus de 2.000 personnes ont été blessées lors des affrontements violents entre la police et les manifestants depuis cinq jours rien qu'à Istanbul et Ankara, selon les ONG de défense des droits de l'Homme et les associations de médecins.

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Une grève à partir de mardi ? Signe de l'aggravation du mécontentement populaire, l'une des plus importantes confédérations syndicales turques a appelé à une grève de deux jours à partir de mardi pour dénoncer le recours à la "terreur" par l'Etat contre les contestataires.

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Qu'en dit le pouvoir turc ? Le vice-Premier ministre turc Bülent Arinç a invité mardi les Turcs à mettre immédiatement fin aux manifestations. Celui-ci s'est dit persuadé que "les citoyens responsables vont cesser aujourd'hui" leurs protestations, "c'est ce que nous attendons d'eux", lors d'une conférence de presse à Ankara avoir été reçu par le chef de l'Etat Abdullah Gül. "J'en appelle à tout les syndicats, tous les partis politiques et à tous ceux qui aiment et pensent à la Turquie de le faire aujourd'hui", a poursuivi Bülent Arinç.

"Je présente mes excuses à tous ceux qui ont été victimes de violences parce qu'ils sont sensibles à la défense de l'environnement", a insisté Bülent Arinç.

Une enquête réclamée. La Turquie doit mener une enquête rapide et indépendante sur le comportement de la police face aux manifestants anti-gouvernementaux, a indiqué mardi à Genève une porte-parole de la Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l'Homme. "Nous accueillons favorablement le fait que les autorités admettent qu'un usage excessif de la force peut avoir eu lieu et leur appel pour une enquête sur les policiers qui auraient violé la loi et les standards internationaux des droits de l'Homme", a déclaré Cécile Pouilly, porte-parole de la Haut Commissaire Navi Pillay, demandant une enquête "rapide, complète, indépendante et impartiale".

Des troubles à Ankara et à Istanbul. Lundi soir, dans le quartier de Kavaklidere d'Ankara, les unités antiémeutes ont tiré des balles en caoutchouc en direction des contestataires, pour la plupart des jeunes. Ces derniers ont répliqué à coups de pierres, selon la chaîne de télévision CNN-Türk.

A Istanbul, les policiers ont tiré plusieurs dizaines de grenades de gaz lacrymogène pour déloger du quartier de Gümüssuyu (rive européenne) quelque 500 manifestants qui y avaient érigé des barricades et allumé des feux. Mais tant dans cette mégalopole qu'à Ankara, d'autres rassemblements de plus grande ampleur se poursuivaient dans le calme de la nuit.