Turquie et Arménie signent un accord historique

  • Copié
, modifié à
Les accords normalisent leurs relations hantées depuis près d'un siècle par le souvenir des massacres d'Arméniens.

L'événement est historique. Samedi en fin d'après-midi à Zurich en Suisse, la Turquie et l'Arménie ont signé un accord mettant fin à un siècle d'hostilités. Le texte a été paraphé par les ministres des Affaires étrangères des deux pays et devra ensuite être ratifié par les parlements turc et arménien. La secrétaire d'Etat américain Hillary Clinton et d'autres dignitaires, notamment européens, ont assisté à cette cérémonie symbolique.

La cérémonie de signature d'accords historiques entre la Turquie et l'Arménie avait été "retardée" en raison d'un désaccord sur la question du massacre des Arméniens, qualifié de génocide par l'Arménie, a-t-on appris dimanche. "Les objections de la partie arménienne étaient en relation avec des formulations inacceptables concernant le processus de reconnaissance du génocide arménien contenues dans la déclaration de la Turquie", a déclaré un diplomate sous couvert de l'anonymat. "Après de longues et difficiles discussions, l'Arménie a pu modifier le texte", a-t-il précisé.

La normalisation des relations entre Ankara et Erevan prévoit un échange de mission diplomatique et la ré-ouverture prochaine de la frontière commune aux deux pays. Dans chacun des deux Etats, une frange nationaliste de la population exprime pourtant son opposition à ce rapprochement. Le souvenir des massacres d'Arméniens par les Ottomans entre 1915 et 1916, qualifiés de génocide par Erevan, continue de peser sur les deux pays. Environ 1,5 million de personnes avaient été tuées.

La Turquie et l'Arménie ont néanmoins beaucoup à gagner d'une réconciliation. La Turquie espère faire avancer ses négociations d'adhésion avec l'Union européenne, tandis que l'Arménie, enclavée et sans ressources pétrolières, sortira de l'isolement. "Cela est le signe que la Turquie est en train de changer", a commenté un expert sur la Turquie. Malgré tout, ce rapprochement entre les deux pays reste dépendant du conflit entre l'Azerbaïdjan, allié musulman de la Turquie, et l'Arménie chrétienne à propos de la région du Haut-Karabakh.