Stasi : une révélation qui aurait pu empêcher la bande à Baader

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
L'Allemagne ne cesse de régler les comptes avec son passé. Alors qu'elle fête cette année les vingt ans de la chute du Mur de Berlin, une nouvelle révélation vient troubler les esprits. Le policier qui avait tué un étudiant pacifiste lors des manifestations des années 60, était en fait un agent de la Stasi. Ce meurtre est considéré comme le détonateur de la radicalisation du mouvement étudiant et l'émergence de groupuscules terroristes comme la bande à Baader.

Vers le milieu des années 60, en Allemagne comme en Europe, le monde estudiantin est en pleine ébullition. Les étudiants allemands protestent notamment contre un enseignement "vicié" par le Troisième Reich. Et la visite officielle du Chah d'Iran, à l'origine de brutalités dans son pays, avive les tensions. Le 2 juin 1967, un fait-divers à Berlin Ouest provoque le basculement de certains groupuscules dans le terrorisme, (le plus célèbre d'entre eux sera la RAF, connue sous le nom de la bande à Baader). Un étudiant pacifiste de 26 ans, Benno Ohnesorg, est abattu d'une balle dans la nuque dans une arrière-cour par le commissaire Karl-Heinz Kurras. Or, les archives des services secrets de l'Allemagne de l'Est ont récemment révélé que le policier était un agent double au service de la Stasi.

Une vérité qui renverse tous les idées reçues, même s'il est peut probable que le meurtre ait été commandité. Jusqu'à présent, Karl-Heinz Kurras incarnait pour les étudiants de gauche la face détestable d'un régime capitaliste aux dérives fascistes. Et finalement, il se révèle être un espion à la solde du régime communiste de RDA. Et on ne peut s'empêcher de refaire l'Histoire. La révolte aurait-elle eu lieu, ou tourné autrement, si la vérité sur Kurras avait été découverte ? La réponse des experts est quasi-unanime : "non". "La radicalisation du mouvement étudiant n'aurait pas été assez rapide", estime notamment Hans-Christian Ströbele, l'ancien avocat de la famille Ohnesorg, aujourd'hui député des Verts.

L'affaire Kurras pourrait bien n'être qu'un premier pan levé sur cet autre côté obscur de l'Histoire allemande. L'opposition libérale a en effet demandé, il y a plus d'un an, une enquête historique sur les liens des parlementaires avec la Stasi. Une motion qui va être examinée à partir de ce vendredi. Le Bundestag décidera-t-il de rouvrir la boîte de Pandore ?