Référendum en Ecosse : les dés sont jetés

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avec Xavier Yvon et AFP , modifié à
4 millions d’Écossais ont voté jeudi. Ils devaient décider du sort de la nation : rester dans le Royaume-Uni ou devenir indépendant. 

>> 4,29 millions d’Écossais étaient appelés à voter dans tout le pays. Ils devaient répondre à la question "L'Ecosse doit-elle devenir un pays indépendant ?".

>> Les 2.600 bureaux de vote ont fermé leurs portes à 22 heures (heure française).

>> Les sondages sont très serrés, le sort de l'Ecosse repose sur la large part d'électeurs encore indécis.

>> Les premiers résultats sont attendus vendredi matin et devraient révéler une forte participation (80%).

TOUT CE QUE VOUS DEVEZ SAVOIR

Un scrutin historique. Trois siècles que l'Ecosse fait partie du Royaume-Uni. Trois siècles d'un "partenariat" entre Édimbourg et Londres qui pourrait prendre fin si le référendum qui se tient jeudi fait triompher le "oui" à l'indépendance. C'est donc un instant historique de l'histoire politique du pays que prennent part les 4.29 millions d'électeurs appelés aux urnes. Le scrutin, objet de tous les fantasmes depuis l'annonce de sa mise en place, passionne les Écossais, et ce même à l'étranger, puisque 600.000 d'entre eux ont déjà voté par correspondance. La participation devrait donc être très élevée, autour de 80% selon les premières prévisions.

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Le vote des indécis sera déterminant. Et pour cause, le résultat du vote s'annonce très serré. Ces dernières semaines, les instituts de sondage ont successivement donné le "oui", puis le "non" vainqueur. Les dernières estimations en date donnaient le "non" en tête avec 42% des intentions de vote contre 40% pour le "oui". Mais cette tendance pourrait bien s'inverser si la forte proportion d'électeurs encore indécis -17%, toujours selon la même étude- votaient massivement pour le "oui".  C'est pourquoi, jusque devant les bureaux de vote, les partisans de chaque camp continuent à tracter et tentent de convaincre les citoyens presque jusque devant l'isoloir.

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Cameron et la Reine montent au créneau. La campagne a suscité la passion des citoyens Écossais, anonymes ou célèbres, et plus largement de toute la société britannique. Devant la montée en puissance du "oui", les leaders politiques des trois principaux partis (David Cameron pour les conservateurs, Ed Miliband pour les travaillistes et Nick Clegg pour les libéraux démocrates) se sont exprimés d'une seule voix en faveur de la préservation de l'union. Pour le premier ministre britannique David Cameron, l'indépendance écossaise serait une lourde défaite. Il peut compter sur le soutien de la reine Elizabeth II, sortie de sa réserve politique habituelle pour l'occasion : "j'espère que les gens réfléchiront très soigneusement au futur", a-t-elle déclaré, sous-entendant que l'indépendance écossaise serait une erreur. Un avis que ne partagent pas vraiment les indépendantistes catalans, qui se fendent d'une page de publicité dans les journaux écossais où l'on peut lire : "Bravo aux Écossais, pouvoir voter, c'est déjà gagner. Nous, Catalans, voterons le 9 novembre". 

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Le référendum, conséquence de la montée du nationalisme écossais. Mais en face, le Premier ministre écossais Alex Salmond (Scottish National Party) et sa formation politique sont sur une dynamique positive. Avec la victoire du SNP aux élections locales en 2011, le leader indépendantiste a mis la pression sur David Cameron jusqu'à obtenir en 2011 la promesse de la tenue d'un référendum sur la question de l'appartenance au Royaume-Uni.

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L'indépendance écossaise, un enjeu économique et social. Selon les chiffres du gouvernement local, si elle venait à devenir indépendante, l’Écosse serait un pays globalement riche. Il pourrait ainsi être la 14e économie européenne en termes de PIB par habitant, devant le Royaume-Uni et ce grâce à la manne pétrolière. Ce secteur industriel, avec celui du gaz, pourrait en effet représenter jusqu’à 15% du PIB d’une Ecosse indépendante, selon la part des gisements que Londres voudra bien lui céder. Une manne importante mais également fluctuante et périssable.

Le rêve d'un Etat plus protecteur. Enfin, l'indépendance écossaise remettrait en cause l'appartenance au NHS (National Health Service), le système de santé britannique, et nécessiterait la mise en place d'une politique de santé nationale. Les Écossais sont donc partagés entre des "oui" sortis du coeur et les "non" commandés par la raison, comme l'explique notre envoyé spécial sur place Xavier Yvon. Dans un bar, le reporter d'Europe 1 a découvert une affiche qui résume bien ce sentiment. Une citation de Nelson Mandela : "Puisse vos choix refléter vos espoirs et non vos peurs". 

Should I stay or should I go ? Les partisans du "yes" promettent un Etat plus juste plus protecteur loin des politiques de Londres. Des projets qui séduisent Paul, livreur, qui rêve d’un modèle à la Scandinave au micro d'Europe 1 : "la Norvège est l'un des meilleurs pays au monde. Quand on observe ce pays, on voit bien qu’ils ont la même population les mêmes réserves naturelles, notamment le pétrole. Nous, en plus, on a le whisky ! Alors, pourquoi on ne serait pas aussi bien ici qu’en Norvège ?".

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Une famille 100% Scottish. L'envoyé spécial d'Europe 1 a été à la rencontre d'Alec, un militant indépendantiste. Il passera la soirée de jeudi devant la télévision, en compagnie de sa femme, qui a voté 'non' et de sa fille, qui ne savait toujours pas quoi voter au début de la journée. Clou de cette soirée très écossaise, Alec et ses proches devraient se délecter du plat national, le haggis, fameuse panse de brebis farcie, et de whisky.