Quid d'une zone d'exclusion aérienne ?

Une zone d'exclusion aérienne a déjà été instaurée en Bosnie en 1993 et en 1995
Une zone d'exclusion aérienne a déjà été instaurée en Bosnie en 1993 et en 1995 © REUTERS
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avec Didier François , modifié à
Didier François, expert défense sur Europe 1, explique les enjeux d'une "no-fly zone" en Libye.

Londres et Washington se sont prononcés mardi soir pour l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne en Libye, mais veulent que la décision vienne des Nations unies. Zoom avec Didier François, spécialiste des questions liées à la défense à Europe 1, sur ce que signifie ce type d'opération et sur ses modalités.

Qu'est-ce qu'une zone d'exclusion aérienne? Il s'agit de surveiller un espace aérien déterminé, ici l'espace libyen, pour en interdire l'accès à tout aéronef, que ce soit un hélicoptère ou un avion dès lors qu'il est armé. Les vols commerciaux ou humanitaires ne sont pas concernés par ce type de mesure. L'idée est d'empêcher l'aviation de Kadhadi d'être utilisée contre la rebellion et surtout, contre la population civile.

Modalités concrètes d'une "no-fly zone". Pour empêcher les avions libyens de décoller, il faut d'abord nettoyer le territoire de ses défenses anti-aériennes, et détruire au sol les missiles anti-aériens, les radars de surveillance et de conduite, les postes de contrôle et de commandements. C'est une "opération militaire lourde", souligne Didier François, qui a déjà été déployée officiellement en Bosnie en 1993 et en 1995 pour empêcher les aviations serbes et croates d'intervenir contre les armées bosniaques.

Une opération complexe. C'est compliqué d'un point de vue militaire, mais diplomatique surtout. Les révolutions en Tunisie et en Egypte ont été rendues possibles par les armées qui ont permis une transition en chassant ou en accompagnant le départ des dictateurs. "Il ne faut pas aujourd'hui prendre le risque que les occidentaux interviennent seuls dans les pays arabes car cela pourrait faire basculer l'opinion publique arabe", juge Didier François. "Il ne faut pas voler aux Libyens leur révolution", ajoute-t-il. Mais si Mouammar Kadhafi continue de s'accrocher, les occidentaux savent très bien qu'il faudra intervenir, et se préparent donc en amont.