Pourquoi les Grecs sont en colère ?

Les Grecs lancent mercredi une grève générale, la première depuis l'arrivée au pouvoir d'Antonis Samaras.
Les Grecs lancent mercredi une grève générale, la première depuis l'arrivée au pouvoir d'Antonis Samaras. © REUTERS
  • Copié
avec AFP , modifié à
Ils sont plus de 30.000 à avoir défilé mercredi contre le plan de rigueur voulu par la troïka.

Le gouvernement d’Antonis Samaras va vivre un véritable test social. La Grèce se met en grève générale mercredi pendant 24 heures, pour protester contre le nouveau plan de rigueur voulu par l’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI). A la mi-journée, plus de 30.000 Grecs, selon la police, étaient dans les rues à Athènes et Salonique, la deuxième ville du pays, répondant à l'appel des syndicats à "repousser les nouvelles mesures dures, injustes et inefficaces". Des heurts ont éclaté dans la capitale entre quelques centaines de jeunes cagoulés et les forces de l'ordre, sur la place Syntagma.

Le mouvement est soutenu par le principal parti d’opposition de gauche radicale, le Syriza, tandis que le gouvernement finalise son plan d’économie de 11,5 milliards d’euros. Tour d’horizon d’une situation explosive.

samaras 930

© Reuters

Un nouveau plan de rigueur. Le gouvernement grec prépare de nouvelles mesures de rigueur. Ce plan, actuellement en discussion, combine coupes dans les salaires, pensions et aides sociales, et réformes structurelles pour moderniser l’État, introduire la concurrence et lutter contre la corruption. Objectif : permettre à la Grèce de réduire ses dépenses de 11,6 milliards d’euros et récupérer au passage 2 milliards d'euros.

>> A lire aussi : La Grèce se serre à nouveau la ceinture

Un drapeau grec et un drapeau européen sur la façade du Parlement grec à Athènes - Reuters

© REUTERS

Les pressions de la troïka. Le plan actuellement discuté en Grèce est présenté par la troïka (l’Union européenne et le FMI) comme la condition du déblocage d’une tranche de 31,5 milliards d’euros de prêts, destinés, entre autres, à recapitaliser les banques du pays. Par ailleurs, le ministre grec des Finances, Yannis Stournaras, a indiqué mardi qu’un éventuel rééchelonnement du remboursement des créances grecques détenues par la Banque centrale européenne (BCE) était actuellement "examiné" pour tenter de combler de déficit de financement du pays. Mais la BCE a aussitôt répliqué en affirmant qu’une restructuration à ses dépens n’était "pas envisageable" en raison des statuts de l’institution, et a renvoyé la balle dans le camp des "membres de la zone euro".

>> A lire aussi : Paris et Berlin pressent la Grèce

Dans une rue d'Athènes, en Grèce

© REUTERS

Une crise économique qui dure. Malgré les millions d’euros reçus, dans le cadre de deux plans de sauvetage financier, la Grèce continue de s’enfoncer dans la récession. L’austérité imposée pour régler la crise financière a conduit à des réductions de salaires et une chute de la consommation et de l’activité. Pour l’année 2012, le gouvernement table désormais sur une récession de 7%. Le chômage a doublé en deux ans et les salaires ont baissé, de 30% en deux ans selon Le Monde. Autre conséquence de la crise : dans le centre d’Athènes, un tiers des magasins ont été contraints de fermer depuis début 2011.

manifestation en Grèce, bandeau

© REUTERS

aube dorée grèce 930

© Reuters

Un contexte politique tendu. Après plus de deux ans de rigueur imposée aux Grecs, le paysage politique est bouleversé. Le parti néonazi Aube Doré, entré au Parlement en juin, ne cesse de voir sa popularité grimper dans les sondages. Quant au gouvernement du conservateur Antonis Samaras, au pouvoir depuis juin, il ne sait pas combien de temps il résistera, avec les sacrifices exigés par la troïka. En témoigne ce vif échange rapporté par Le Figaro, qui cite le New York Times. Au négociateur du FMI Poul Thomsen qui souhaitait imposer de nouvelles exigences budgétaires la semaine dernière, le ministre des Finances a montré la fenêtre en lui disant : "Vous voyez cet impact ? C’est celui d’une balle. Monsieur, souhaitez-vous renverser mon gouvernement ?".

>> A lire aussi : un ex-banquier aux Finances