Mittal et la flamme de la discorde

Lakshmi Mittal va porter la flamme olympique à Londres, avec son fils.
Lakshmi Mittal va porter la flamme olympique à Londres, avec son fils. © REUTERS
  • Copié
avec AFP , modifié à
Le patron du géant de l'acier va porter la flamme olympique, au grand dam des syndicats.

C'est un honneur auquel peu de personnes ont droit. Vendredi, le magnat de l'acier Lakshmi Mittal et son fils porteront la flamme olympique à Londres, dans les très chics quartiers de Kensington et Chelsea, à la veille de l'ouverture des Jeux. Un privilège critiqué, alors que le groupe ArcelorMittal, en difficulté en Europe, a fermé plusieurs hauts fourneaux, dont ceux de Florange, en Moselle.

tour orbit, arcelormittal, JO de Londres

© REUTERS

La CGT du site mosellan s'en est prise au patron du groupe, fustigeant la tour "Orbit", symbole des Jeux olympiques de Londres, financée à hauteur de 18 millions d'euros par ArcelorMittal. Pour le syndicat, "cette réalisation offre à la famille Mittal la possibilité de porter la flamme olympique", alors que "le groupe effectue des coupes sombres sur les outils industriels d'un bout à l'autre de l'Europe, de l'Espagne à la Tchéquie, détruisant des milliers d'emplois".

En Belgique aussi

A Florange, une "flamme olympique" a même été portée symboliquement par les enfants des métallurgistes. "C'est une riposte à la scandaleuse opération marketing, à la farce à laquelle va se livrer dans la journée notre patron dans les rues de Londres", tempête Jean Mangin, responsable de la CGT. Michel Liebgott, député PS de la Moselle, a pour sa part jugé l'opération de Mittal "un peu déplacée".

des employés d'ArcelorMittal près de Liège, en Belgique

© REUTERS

En Belgique aussi, où la fermeture des hauts-fourneaux de Liège a été décidée, le choix de Lakshmi Mittal énerve. Plusieurs syndicats se sont fendus d'un courrier au patron du Comité international olympique (CIO), Jacques Rogge, pour lui faire part de leur "plus profond écoeurement". "Il s'agit d'une véritable insulte", écrivent-ils, notant que "depuis que Mittal est devenu le numéro un de l'acier, il a congédié directement près de 70.000 travailleurs" dans le monde".

Charte olympique

Et les syndicats de rappeler que la charte olympique fait référence à la "responsabilité sociale" et au "respect des principes éthiques fondamentaux universels". Ils disent donc ne pas comprendre que "l'olympisme puisse récompenser ceux qui broient des vies".

L'initiative est critiquée jusqu'à Londres, où le groupe militant "Bread and Circuses" (Du pain et des jeux), opposé aux JO, a demandé à Lakshmi Mittal et à son fils de renoncer à porter la flamme "ou de mettre les pratiques du groupe en conformité avec les idéaux des Jeux".

"Famille ArcelorMittal"

Sur le site officiel des Jeux, Lakshmi Mittal, lui, n'hésite pas à se comparer à un athlète. "Quand je pense aux parallèles entre moi et un athlète olympique, je pense que le succès dans le monde des affaires est étayé par les mêmes principes : persévérance et dur labeur".

"En participant à ce relais, poursuit-il, je représente les 270.000 personnes à travers le monde qui font partie de la famille ArcelorMittal". Certains membres de cette "famille" devraient toutefois boycotter l'initiative de leur patron.