Migrants : l'implacable hiérarchie à bord des bateaux

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Jean-Sébastien Soldaïni, envoyé spécial à Catane, avec Louis Hausalter , modifié à
RACISME - Les passeurs parquent souvent à fond de cale les migrants venus d'Afrique noire, plus exposés aux naufrages que les autres.

Plus de 1.200 morts en deux semaines. Les naufrages d'embarcations chargées de migrants se multiplient en mer Méditerranée. Et lors de ces tragédies, ce sont très souvent les Subsahariens qui sont le plus exposés à la mort. Car à bord des embarcations, le racisme est ordinaire. Les passeurs y établissent en effet une distinction en fonction du pays d'origine des migrants : ceux qui viennent d'Afrique subsaharienne ont moins de valeur à leurs yeux que les autres, comme les Egyptiens ou les Algériens.

Pas le droit au gilet de sauvetage. "Une hiérarchie terrible", affirme Flavio Di Giacomo, porte-parole de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), au micro d'Europe 1. Dès l'embarquement, les Noirs sont parqués dans les endroits les plus inconfortables et les plus risqués des navires. "Tous ces chalutiers ont deux étages. Dans celui d'en bas, il y a le moteur et pas de fenêtre. Les Subsahariens sont souvent obligés d'aller là-bas", explique Flavio Di Giacomo. Autre discrimination : contrairement aux autres, "les Subsahariens n'ont même pas le droit d'acheter un gilet de sauvetage, qui coûte à peu près 100 dollars", poursuit-il.

Parqués dans cette sinistre "seconde classe", ces migrants paient leur traversée moins cher. Par exemple, un Nigérien doit débourser entre 400 et 600 dollars pour le passage, quand un Syrien se verra demander plus du double. Une manière supplémentaire de faire sentir aux migrants d'Afrique subsaharienne qu'ils ne sont qu'une marchandise de seconde zone.

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