Madagascar : deux Français lynchés

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avec Alain Acco et Julien Pearce , modifié à
Soupçonnés de trafic d'organes, trois hommes ont été torturés puis brûlés vifs sur une plage de Nosy Be.

Un Français et un Franco-Italien ont été tués jeudi matin par une foule d'émeutiers sur une plage de Nosy Be, une île au nord de Madagascar. Selon un policier local, interrogé par l'AFP, ils ont été lynchés puis brûlés vifs après avoir "avoué sous la torture avoir commis des trafics d'organes". Un troisième homme, Malgache, lui, a subi un sort similaire jeudi soir dans une atmosphère d'émeute.

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Chasse à l'homme. Selon les informations recueillies par Europe 1, les deux Français, Sébastien et Roberto, étaient respectivement sur l'île depuis plusieurs mois et quelques jours. Ils ont été attrapés par les émeutiers alors qu'ils se trouvaient sur leur bateau avant d'être confrontés au corps sans vie d'un garçon de 8 ans sans sexe ni langue, devant lequel ils auraient avoué leur participation à des trafics d'organe. Le garçon avait disparu la veille, provoquant des émeutes sur place. Dans la soirée, quelques hommes ont amené un Malgache dans une Renault 4, l'en ont sorti et ont jeté son corps dans un brasier devant quelque 300 personnes en délire.

"Quelque chose d'atroce à vivre". Un Français résidant sur place dit avoir assisté au lynchage des deux Européens, tôt jeudi matin: "Ça m'a réveillé. J'ai vu une foule énorme arriver, entre 3.000 et 4.000 personnes, y compris des femmes et des enfants. Les deux hommes ont été tabassés puis jetés sur un brasier. C'est quelque chose d'atroce à vivre. Malheureusement, il était impossible d'intervenir", a-t-il raconté au Parisien. Selon lui, "ces histoires de trafic d'organes ou de corps découpés ne sont que des rumeurs. Le corps de l'enfant disparu a été retrouvé hier soir (mercredi) sur la plage après avoir été ramené par la mer. Il était habillé", a-t-il expliqué. La gendarmerie n'a pas clarifié la nature des soupçons, et n'a pas indiqué si le "trafic d'organes" était lié à un trafic à but médical ou à des pratiques locales de sorcellerie.

Une journaliste française a elle assisté au lynchage du Malgache, jeudi soir. Elle a expliqué ce qu'elle a vu à Europe 1 (lire aussi ici) :

Liés à un trafic ? Leur réelle implication dans le trafic d'organe n'est pas prouvée. Les autochtones étaient convaincus que les deux Européens, dont l'un est âgé d'une trentaine d'années, étaient liés à un trafiquant malgache arrêté la veille. Contactée par Europe 1, la police locale a expliqué que l'homme arrêté avait avoué être un kidnappeur travaillant pour un réseau international de trafic d'organes.

Les gendarmes aussi visés. La foule s'en est pris par ailleurs aux maisons des gendarmes, dont "huit ont été déjà incendiées par les émeutiers", selon une source locale. Les gendarmes se sont défendus, affirmant avoir tiré en l'air pour disperser la foule, mais au moins une personne a été tuée et deux autres blessées, précise l'AFP. Désiré Johnson-Rakotondratsim, le directeur général de la police nationale, a assuré à Europe 1 que des renforts de police avaient été envoyés sur place.