Les Trabelsi, ce clan honni des Tunisiens

Surnommée "la régente", Leïla Ben Ali avait pris l'asecendant sur son mari ces dernières années.
Surnommée "la régente", Leïla Ben Ali avait pris l'asecendant sur son mari ces dernières années. © REUTERS/Zoubeir Souissi
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Frédéric Frangeul , modifié à
La belle-famille de l’ex-président Ben Ali avait fait main basse sur les richesses du pays. Portraits.

Menée par Leïla Trabelsi, la belle-famille de l’ex-président Ben Ali a érigé en Tunisie un système basé sur la corruption qui a irrité au plus haut point la population. Le pillage ciblé des résidences des membres de la famille Trabelsi les jours qui ont précédé la chute du pouvoir le 14 janvier 2011 illustre cette détestation. Portrait de trois figures emblématiques de ce clan.

Leïla Trabelsi. Née en 1957 dans un quartier populaire de la Médina, Leïla Trabelsi a été tour à tour coiffeuse, agent de voyage, secrétaire de direction avant sa rencontre en 1984 avec le général Zine el-Abidine Ben Ali dont elle devient la maîtresse, deux ans avant son accession au pouvoir. En 1992, elle finit par épouser le président tunisien qui a divorcé de sa première femme Naïma Kefi en 1988.

"La régente"

Avec ses dix frères et sœurs, Leïla Ben Ali phagocyte alors tous les pans de l’économie tunisienne en éliminant progressivement tous les clans rivaux. Il était devenu impossible d’investir en Tunisie sans laisser une place ou donner une part à la famille Trabelsi.

Surnommée "la régente" en raison de l’ascendant pris sur son mari ces dernières années, Leïla Ben Ali a fui la Tunisie le 14 janvier avec plusieurs de ses enfants en direction de Paris, où ils ont séjourné dans un hôtel de luxe proche de Disneyland. Elle a ensuite gagné l’Arabie Saoudite et Djeddah pour y retrouver son mari.

"Le Parrain" du clan

Belhassen Trabelsi. Frère de Leïla Ben Ali né en 1963, il s’est consacré aux affaires en contrôlant de nombreux secteurs clés de l’économie tunisienne : le tourisme, l’immobilier, le transport aérien ou l’industrie. Il était membre du Rassemblement constitutionnel démocratique, le parti au pouvoir, et était considéré comme le "Parrain" du clan Trabelsi.

S’apprêtant à fuir vers la France, il aurait été arrêté le 14 janvier avec six membres de sa famille à l’aéroport de Tunis.

Imed Trabelsi. Neveu de Leïla Ben Ali, âgé de 36 ans, il symbolise l'affairisme étatique en Tunisie. Poignardé lors d'émeutes au nord de Tunis, à La Goulette, ville dont il était le maire, il a été donné pour mort peu après l'exil de Ben Ali. Cette information a été démentie le vendredi 21 janvier. "Oui il est vivant, on l'interroge et on enquête sur lui", a indiqué Ahmed Friaa, ministre de l'Intérieur.

"Le jet-setteur"

Surnommé le "jet-setteur" du clan Trabelsi, Imed Trabelsi a une réputation sulfureuse. Impliqué avec son frère Moez Trabelsi dans le vol de yachts de luxe en 2006 en Méditerranée, il a fait l'objet d'un mandat d'arrêt international émis par la France en 2007. L'affaire n'a jamais connu de suite.

Imed Trabelsi a fait fortune dans l'immobilier et la grande distribution. Il s’est notamment entendu avec l'enseigne française Bricorama pour organiser son implantation en Tunisie via un contrat de franchise. A ce titre, il était détenteur de la licence exclusive de la marque en Tunisie.

Le clan Trabelsi est décrit par la diplomatie américaine comme "quasi-mafieux". La fortune personnelle du couple Ben Ali est estimée à 5 milliards d’euros. Les filles de Leïla Ben Ali ont épousé quatre des plus riches héritiers du pays. L’une d’entre elles, qui a acheté une demeure cossue à Montreal, pourrait avoir trouvé refuge au Canada. En fuyant la Tunisie le 14 janvier 2011, Leïla Ben Ali aurait emporté avec elle 1,5 tonne d’or, soit environ 45 millions d’euros.