Le Nobel à l'OIAC : la récompense d'un "travail silencieux"

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et Martin Choteau , modifié à
L’AVIS D’EXPERT - Olivier Lepick, spécialiste des armes chimiques, n’est pas surpris par le choix du comité Nobel.

LA QUESTION. Elle était pressentie, mais pas favorite. L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), basée à La Haye, a obtenu vendredi le prix Nobel de la Paix 2013. Le jury a voulu saluer cette organisation méconnue "pour son travail considérable en vue d’éliminer les armes chimiques", notamment en Syrie. Pas surpris par ce choix, Olivier Lepick, chercheur à la Fondation sur la recherche stratégique et spécialiste des armes chimiques, interrogé par Europe 1, estime que le prestigieux prix vient récompenser une "tâche immense".

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Un "double message". Pour le spécialiste, l’académie des Nobel a voulu adresser "un double message" : d’abord "lié à l’actualité, à la crise syrienne", "puisque l’organisation va être le fer de lance du démantèlement et de la destruction de l’arsenal chimique syrien". "C’est une manière, je pense, de conforter l’organisation dans ses missions", estime Olivier Lepick, pour qui le jury du prix Nobel de la Paix a voulu, "plus largement, célébrer le travail de l’Organisation depuis 1997, un travail relativement silencieux, à l’abri de l’intérêt des médias, un travail qui a contribué de manière assez extraordinaire, à l’éradication quasi-totale des armes chimiques, des arsenaux des états signataires".

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"Les résultats sont là". Car pour Olivier Lepick, "les résultats sont là". "Sept États [signataire de la convention sur les armes chimiques] ont déclaré dans le cadre de leur ratification des stocks chimiques". Et "tous ces stocks ont été détruits, notamment ceux de l’Albanie, de l’Inde". "Les stocks américains et russes, qui étaient les plus importants, 30 et 40.000 tonnes, sont en cours de destruction", rappelle le chercheur, qui estime que "le travail est fait, et [qu’]il est bien fait", avec "58.000 tonnes d’agents chimiques détruits depuis 1997".

le siège de l'OIAC

"Une décision d’opportunité". Olivier Lepick voit dans le choix du comité Nobel norvégien "une décision d’opportunité". L’OIAC "n’était pas, par le passé, parmi les prétendantes. L’actualité syrienne a permis, et c’est une bonne chose, de la mettre en lumière", juge-t-il, louant cette occasion de "célébrer le travail passé, fait dans une relative discrétion, et également le travail futur dans le cadre du dossier syrien".