La pilule moins efficace que le stérilet

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avec agences , modifié à
D'après une étude, les méthodes au long cours pourraient réduire les grossesses non désirées

Pilule, anneau vaginal, timbre transdermique... en matière de contraception, il y en a pour tous les goûts mais pas toujours avec la même efficacité. Une étude publiée jeudi dans la revue The New England Journal of Medicine révèle que les femmes qui utilisent un stérilet ont vingt fois moins de risque de tomber enceintes que celles sous pilule par exemple.

Chez les jeunes femmes de moins de 21 ans qui choisissent la pilule, le timbre transdermique (à changer une fois par semaine) ou l'anneau vaginal, le risque de tomber enceinte est près de deux fois plus élevé que celui des femmes plus âgées, selon les résultats de ces travaux menés auprès de 7.500 participantes âgées de 14 à 45 ans.

Des méthodes défaillantes dans le temps

Le stérilet hormonal est efficace pendant cinq ans et celui en cuivre pour au moins dix ans tandis que l'implant hormonal est actif trois ans, rappelle ce médecin. Au cours des trois années d'étude, 334 femmes sont tombées enceintes, dont 156 à cause d'une défaillance de leur méthode contraceptive. Il ne s'agit donc pas d'une erreur imputable la patiente comme l'oubli de prise de pilule. Au total, 133 de ces femmes recouraient à la pilule, au timbre transdermique ou à l'anneau vaginal. En revanche, 21 d'entre elles utilisaient un stérilet ou un implant hormonal.

"Cette étude est la meilleure démonstration que les méthodes de contraception de longue durée sont nettement supérieures à la pilule, au timbre transdermique ou à l'anneau vaginal", insiste le Dr Jeffrey Peipert, professeur de gynécologie à la faculté de médecine de l'Université Washington, dans le Missouri. "Les stérilets et implants sont beaucoup plus efficaces car les femmes peuvent les oublier une fois que leur gynécologue les ont mis en place", ajoute-t-il.

"Nous savons que les stérilets et implants ont un taux de défaillance très faible, de l'ordre de 1%", souligne le Dr Brooke Winner, gynécologue à Saint Louis dans le Missouri et co-auteur de cette étude.

Les grossesses non désirées explosent

Ces méthodes au long cours sont donc la meilleure arme contre les grossesses non désirées, véritable problème de société aux Etats-Unis où l'étude a été réalisée. Pour s'en convaincre, un seul chiffre : 50 % des trois millions de grossesses survenant chaque année dans le pays n'étaient pas souhaitées ou prévues. Un taux de grossesses nettement plus élevé que dans les autres pays industrialisés. Là encore, des études montrent qu'environ la moitié ont résulté d'une défaillance du moyen de contraception.

La fin du tout pilule en France ?

En France, cette réflexion semble aussi largement engagée. Chaque année, 14.500 interruptions volontaires de grossesse sont pratiquées par des adolescentes. Or la majorité de ces jeunes filles prenaient la pilule. En novembre 2011, le professeur Israël Nisand, gynécologue obstétricien au CHU de Strasbourg, a donc préconisé de mettre fin au "tout pilule", dans un rapport sur la contraception et l'interruption volontaire de grossesse (IVG) chez les adolescentes remis à Jeanette Bougrab alors secrétaire d'Etat à la Jeunesse.

"Le corps médical doit changer et aller plus vers des contraceptions indépendantes de la volonté", avait-il alors souligné au micro d'Europe 1. Le professeur Nisand faisait lui aussi référence aux méthodes au long cours comme l'implant par exemple. Enfin, comme dans cette étude américaine, le rapport prônait la gratuité de la contraception pour les mineures.