La bataille de Tripoli est lancée

De la fumée s'élevant au dessus de Tripoli après une explosion le 14 août dernier.
De la fumée s'élevant au dessus de Tripoli après une explosion le 14 août dernier. © REUTERS
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avec Julien Pearce, Arthur Helmbacher et agences , modifié à
Selon le CNT, une opération "soutenue par l'Otan" serait en cours pour isoler Kadhafi

Depuis samedi soir, les combats font rage à Tripoli où des explosions et des échanges de tirs ont été entendus tout au long de la nuit. Et la bataille ne semble pas tourner en faveur de Mouammar Kadhafi : 31 morts seraient à déplorer parmi les soldats loyaux au colonel, a rapporté dimanche la chaîne de télévision Al Djazira. La chaîne ajoute que 42 autres soldats ont été capturés par les rebelles libyens.

"L'heure H a sonné"

Par ailleurs, selon Ahmed Jibril, porte-parole de la rébellion, une opération baptisée "sirène" aurait été lancée samedi soir. Son objectif ? Isoler Mouammar Kadhafi dans la capitale jusqu'à obtenir sa capitulation ou son départ. "L'Otan est également impliquée dans l'opération", selon Ahmed Jibril.

Plus tôt, Abdel Hafiz Ghoga, vice-président du Conseil national de transition (CNT)  affirmait que la chute du dirigeant libyen, au pouvoir depuis 42 ans, n'était plus qu'une question d'heures. "L'heure H a sonné. Les rebelles se sont soulevés à Tripoli", a-t-il déclaré. Signe que le vent semble tourner : la Tunisie a décidé de reconnaître le CNT comme représentant légitime du peuple libyen.

Tout a commencé après la rupture du jeûne samedi soir. Des habitants de Tripoli disent avoir alors entendu les hauts-parleurs de certaines mosquées appeler au soulèvement. L'embrasement de plusieurs quartiers de la ville aurait suivi. Les combats ont duré une bonne partie de la nuit et auraient notamment fait rage à la base aérienne de Mitiga. Au même moment, les avions de l'Otan lancaient des raids contre les forces de Mouammar Kadhafi.

Le gouvernement libyen relativise ces combats. Mais les affrontements ont tout de même poussé Mouammar Kadhafi à sortir de son silence. "Ces rats (...) ont été attaqués par la population cette nuit et nous les avons éliminés", a déclaré le dirigeant libyen dans un message sonore diffusé à la télévision d'Etat tôt dimanche. Je sais qu'il y a des bombardements aériens mais le bruit des feux d'artifice est plus fort que celui des bombes larguées par l'aviation", a-t-il ajouté. 

"Une accélération décisive"

Le directeur des Cahiers de l'Orient, Antoine Sfeir, a estimé, dimanche sur Europe 1, qu'il s'agissait d'"une accélération décisive puisque Tripoli est quand même le centre du pouvoir". "Depuis le début de la semaine, les insurgés ont avancé des deux côtés à l'est et à l'ouest. Le fait d'avoir contrôlé Zawiyah et d'autres villes a complètement encerclé la ville", a encore relevé Antoine Sfeir qui juge que si Tripoli tombe, "ce sera la fin". 

Même pronostic de Bernard-Henri Lévy dimanche qui a assuré dimanche : le "soulèvement" en cours à Tripoli a été "minutieusement préparé" depuis des mois et va permettre d'en finir "dans un bref délai" avec le régime de Mouammar Kadhafi.

L'annonce d'affrontements dans la capitale libyenne a été accueillie par des cris de joie à Benghazi, bastion de la rébellion dans l'est libyen, et dans d'autres villes du pays contrôlées par les insurgés.