L'Homo erectus avait de la compagnie

Un crâne d'Homo erectus.
Un crâne d'Homo erectus. © REUTERS
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Alcyone Wemaere, avec AFP , modifié à
De nouveaux fossiles ont parlé : deux autres lignées d'Homo cohabitaient notre ancêtre.

L'évolution humaine n'en finit pas de révéler sa complexité. Trois fossiles découverts au Kenya à la fin des années 2000 attestent de la diversité des premiers représentants du genre Homo, auquel appartient l'Homme moderne, selon une étude publiée mercredi dans la revue scientifique britannique Nature.

"L'évolution humaine n'est pas une ligne droite"

Ces nouveaux fossiles - une face, une mâchoire inférieure complète et une partie d'une seconde mâchoire inférieure -  confirment qu'ont co-existé sur le continent africain, il y a près de deux millions d'années, deux espèces distinctes de l'Homo erectus : l'Homo habilis et l'Homo rudolfensis.

"Il est maintenant clair que deux espèces d'Homo ont vécu en même temps que l'Homo erectus", a déclaré Fred Spoor qui a dirigé les analyses scientifiques en relevant : "l'évolution humaine n'est manifestement pas la ligne droite" qui a pu être tracée par le passé.

Le débat sur le nombre des espèces d'Homo dure depuis une quarantaine d'années : en 1972, la découverte d'un crâne connu sous l'appellation "KNM-ER 1470", sur le site de Koobi Fora au Kenya avait lancé la controverse.

D'abord été classé parmi les Homo habilis, puis attribué au genre Australopithecus, le crâne fût finalement à l'origine de la création d'une nouvelle espèce : l'Homo rudolfensis – une appellation inspirée par le lac Rodolphe, ancien nom du lac Turkana.

Sans mâchoire inférieure et sans dents, le crâne restait jusque là difficile à comparer. De plus, la découverte restait isolée.

"Enfin des réponses"

A présent, les trois fossiles mis au jour dans un rayon d'une dizaine de kilomètres autour de la localisation de KNM-ER 1470 permettent d'en compléter le portrait.

"Ces 40 dernières années, nous avons activement recherché dans la vaste étendue de sédiments autour du lac Turkana des fossiles qui confirment les caractéristiques uniques du visage de KNM-ER 1470 et nous montrent à quoi ses dents et sa mâchoire inférieure auraient ressemblé", a expliqué Meave Leakey co-directrice des recherches. "Nous avons enfin des réponses", a-t-elle ajouté.

"Les nouveaux fossiles vont grandement contribuer à éclairer la manière dont notre branche de l'évolution humaine est apparue et a prospéré il y a près de deux millions d'années", a souligné Fred Spoor.

Un éclairage passionnant, mais gare aux interprétations hâtives, mettent en garde certains experts en appelant à poursuivre les analyses.