Karadzic absent, son procès ajourné

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Le procès, qui devait démarrer lundi, a été ajourné à mardi. Mais Karadzic a prévenu qu'il ne comparaîtrait toujours pas.

Le procès pour génocide de Radovan Karadzic, qui s'est ouvert lundi matin devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) de La Haye, aux Pays-Bas, a aussitôt été ajourné à mardi.

En effet, Radovan Karadzic, 64 ans, ne s’est pas présenté à l’audience. L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, qui a choisi de se défendre seul, avait annoncé mercredi qu’il n'était "pas prêt" et qu'il boycotterait par conséquent l'ouverture de son procès, prévu pour durer deux ans.

"A la lumière de l'absence de l'accusé et d'un avocat pour le représenter, la chambre va ajourner les procédures aujourd'hui", a déclaré le juge sud-coréen O-Gon Kwon. Le procès reprendra mardi à 14h15. "Nous demandons à M. Karadzic d'être là afin que son procès ne soit plus obstrué", a lancé le juge.

Peine perdue : Radovan Karadzic a d'ores et déjà fait savoir qu'il serait absent mardi également. "Il dit qu'il ne comparaîtra pas demain", a ainsi révélé Marco Sladojevic, l'un des juristes qui entourent le prévenu. "Il n'évite pas son procès, il ne boycotte pas son procès, il n'a pas renoncé à son droit d'être présent, il demande juste plus de temps pour se préparer."

En septembre, l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie avait réclamé, en vain, dix mois supplémentaires pour préparer sa défense. Radovan Karadzic "continue intensivement ses préparatifs", a expliqué Maître Sladojevic, selon lequel "il a travaillé la nuit dernière jusqu'à cinq heures du matin".

Une centaine de mères de victimes du massacre de Srebrenica ont manifesté lundi matin devant le TPI. Trente d'entre elles ont laissé éclater leur colère dans la salle d'audience après l'ajournement du procès.

Le prévenu, qui plaide non coupable, est accusé d'être le cerveau de la guerre de Bosnie qui a fait 100.000 morts et 2,2 millions de déplacés entre 1992 et 1995. Il lui est reproché d’avoir tenté de "chasser à jamais" Musulmans et Croates des territoires de Bosnie convoités par les Serbes. Son acte d'accusation détaille deux charges de génocide, lors des premiers mois de la guerre et pour le massacre de plus de 8.000 hommes à Srebrenica (est de la Bosnie) en juillet 1995.

Il est aussi accusé de crimes de guerre et crimes contre l'humanité, à savoir extermination, meurtres, tortures, viols ou expulsions commis dans 19 municipalités bosniaques, à Srebrenica et durant le siège de Sarajevo, au cours duquel 10.000 personnes sont mortes.

Arrêté en juillet 2008 à Belgrade après treize ans de cavale, Radovan Karadzic est le plus haut responsable du conflit bosniaque à être jugé par le TPIY, quatorze ans après la fin de la guerre de Bosnie. Son alter ego militaire, le général serbo-bosniaque Ratko Mladic, est toujours en fuite Son ancien allié, le président yougoslave Slobodan Milosevic, était mort à La Haye avant la fin de son procès en mars 2006.