Irlande : une visite historique d'Elizabeth II

La Reine d'Angleterre a été accueillie, mardi à son arrivée sur le sol irlandais, par la présidente de la République.
La Reine d'Angleterre a été accueillie, mardi à son arrivée sur le sol irlandais, par la présidente de la République. © REUTERS
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avec Amandine Alexandre et AFP , modifié à
La visite de la Reine d'Angleterre était placée sous le signe de la réconciliation.

C'est la première visite d'un souverain britannique depuis l'indépendance de l'Irlande en 1922. La reine Elizabeth II a entamé mardi, en Irlande, une visite historique placé sous le signe de la réconciliation. La souveraine a posé le pied sur l'ancienne colonie britannique, tout de vert vêtue, accompagnée de son époux le prince Philip. Tous deux ont rejoint la résidence de la présidente irlandaise Mary McAleese, dans l'ouest de Dublin. Le programme de la Reine n'a pas été modifié malgré les alertes à la bombe qui se multipliaient au même moment.

Quelques heures avant son arrivée, un engin explosif avait été neutralisé dans un car à Maynooth, dans la grande banlieue de Dublin. L'engin était, selon les autorités, "de fabrication artisanale mais en état de fonctionnement". Au moins huit autres alertes à la bombe ont été déclenchées dans la matinée, mais elles se sont révélées fausses.

Un important dispositif policier

L'arrivée de la Reine d'Angleterre sur le sol irlandais a été encadrée d'un dispositif de sécurité sans précédent sur l'île. 8.000 policiers et 2.000 militaires sont mobilisés, et la circulation était largement paralysée dans le centre de Dublin, envahie de policiers en uniforme passant au peigne fin les sacs d'employés ayant dû demander un permis spécial pour se rendre à leur bureau. Quant aux policiers britanniques chargés de la sécurité de la reine, ils étaient exceptionnellement autorisés à porter des armes.

La visite de la reine est accueillie favorablement par 81% des Irlandais, selon un récent sondage. Mais des dissidents catholiques républicains, qui continuent à lutter par les armes contre l'autorité britannique sur l'Ulster, ont averti que la reine n'était "pas la bienvenue", l'accusant d'être coupable de "crimes de guerre". Une centaine de personnes ont manifesté leur opposition mardi midi à Dublin. Les protestataires, certains portant des banderoles du parti nationaliste Sinn Féin, ont brûlé un drapeau britannique.

La suite du programme

Saluée comme un événement qui fera date, la visite d'Elizabeth II doit confirmer la normalisation des relations entre les deux anciens ennemis, en tirant un trait sur des siècles de conflit et une décolonisation très douloureuse. Cette visite "est le début d'une nouvelle ère entre nos deux pays basée sur le respect et l'amitié", a estimé dimanche sur la BBC le Premier ministre irlandais, Enda Kenny. La venue d'Elizabeth II a été rendu possible par la signature de la paix en 1998 en Irlande du Nord, province britannique où trente ans de "Troubles" ont fait 3.500 morts environ.

Pour ce déplacement historique, Elizabeth II a misé sur les symboles : elle ira notamment mercredi au stade Croke Park, à Dublin, où la police britannique avait tué 14 personnes en 1920. Elle déposera également une gerbe au mémorial de la Première Guerre mondiale, mercredi, en mémoire aux Irlandais morts en portant l'uniforme britannique, en signe de "reconnaissance de l'Histoire commune des deux pays", souligne l'ambassade britannique. Et elle ne dérogera pas à la tradition irlandaise ; au programme officiel de la visite, un petit détour par la brasserie Guinness, à Dublin.