Irak : Makhmour, village fantôme libéré des djihadistes

Malgré de départ des combattants de l'Etat islmaique, le souk de Makhmour reste désespèrément vide.
Malgré de départ des combattants de l'Etat islmaique, le souk de Makhmour reste désespèrément vide. © WALID BERRISSOUL/EUROPE 1
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et Walid Berrissoul, envoyé spécial en Irak , modifié à
REPORTAGE - Dans ce village libéré grâce notamment aux frappes américains, les habitants hésitent encore à rentrer chez eux.

Les frappes américaines sur les positions de l’Etat islamique en Irak ont commencé à porter leurs fruits. Alors que l’action diplomatique bat son plein, sur le terrain, l’avancée du califat a été stoppée. Deux villes ont même déjà été libérées : Gwer et Makhmour. Dans ce dernier village, où Europe 1 a pu se rendre, les habitants n’ont pas encore osé regagner leur domicile.

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"Je prends des affaires et je repars". Makhmour est une ville fantôme, où flottait encore il y a deux jours le drapeau noir du califat. Le souk est totalement désert, entre les magasins aux rideaux baissés et les vitrines vandalisées. Il faut s’approcher de la route principale pour croiser quelques voitures, à chaque fois remplies de matelas et de fauteuils. Difficile de dire s’il s’agit de pillards ou de pères de famille venus récupérer quelques affaires avant de repartir. "J'ai entendu qu'ils pourraient revenir attaquer. Alors je prends des affaires et je repars", explique un homme, visiblement terrorisé, à Europe 1. "J'ai une famille, je veux la mettre à l'abri!"

Reportage à Makhmour, village fantôme libéré...par Europe1fr

"Ils sont capables de tout." Devant un pick-up carbonisé, présenté comme un véhicule djihadiste détruit par une frappe américaine, quelques habitants reviennent timidement voir si leur maison est intacte. Un Peshmerga, ces combattants kurdes, leur montre une vidéo sur son téléphone portable. C’était au cœur des combats. Le capitaine Sharim se félicite d’avoir prévenu tous les habitants bien avant l’assaut des djihadistes. "Ces gens-là, ils sont capables de tout. On ne voulait surtout pas refaire les mêmes erreurs avec des gens coincés dans les villages", assure le militaire. "C'est là que se produisent les pires crimes. Là, on les a combattus sans un seul civil entre nous."

"On ne les combat jamais de près". A la sortie sud de la ville, c’est déjà la ligne de front. L’ennemi est invisible, mais toujours aussi menaçant. "Moi je n'ai jamais vu leur drapeau. Là peut-être qu'ils sont partis, ou peut-être qu'ils sont encore là. On ne les combat jamais de près", explique un soldat. "Ils nous attaquent toujours avec des mortiers, des missiles, des roquettes, toujours des armes de longue portée." C’est toute la différence : l’Etat islamique et ses armes lourdes face aux vieilles kalachnikovs des Peshmergas kurdes.