Gnassingbé réélu au Togo

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Europe1.fr (avec Reuters) , modifié à
Le principal parti d'opposition ne "reconnaît" pas le résultat. Des tensions se font sentir dans le pays.

Le chef de l'Etat sortant Faure Gnassingbé a remporté l'élection présidentielle au Togo avec 60,92% des voix, selon les résultats de la Commission électorale. Samedi soir à Lomé, la présence policière a été renforcée et une manifestation dispersée. L'ambiance s'est tendue dans la capitale au fur et à mesure de l'avancée de la journée.

Il a recueilli 1,24 million de voix sur les 2,1 millions de suffrages et son plus proche rival Jean-Pierre Fabre a obtenu 692.584 voix (33,94%), d'après les résultats lus par Taffa Tabiou, président de la commission électorale. Très loin derrière, arrivé en troisième position, l'ancien Premier ministre Yawovi Agboyibo a recueilli 2,96% des votes.

L'UFC, le principal parti d'opposition au Togo ne "reconnait pas" le résultat du scrutin, a déclaré dimanche l'un de ses responsables.

Juste avant que la Commission électorale publie les résultats, le porte-parole du gouvernement togolais, Pascal Bodjona, a mis en garde contre toute manifestation de violence. "Si les jeunes sortent pour manifester de façon pacifique, il n'y aura pas de problème, mais s'ils sortent pour détruire, nous n'allons pas faiblir", a-t-il déclaré.

Arrestations

Deux proches du candidat de l'opposition Messan Agbéyomé Kodjo, ex-Premier ministre togolais, et huit autres personnes ont été arrêtés samedi à Lomé avant l'annonce des résultats officiels de la présidentielle, a annoncé dimanche un haut responsable des forces de l'ordre. "Ils distribuaient des tracts, des documents qui appellent au soulèvement populaire", a déclaré le commandant de la Force spéciale élection présidentielle (Fosep), le colonel Yark Damehane. "Il ne s'agissait pas d'un tract, mais d'un communiqué de presse portant mon nom. C'est de l'arbitraire, c'est un acte d'intimidation", a réagi Messan Agbéyomé Kodjo.

Samedi après-midi à Lomé, une manifestation de l'Union des forces de changement (UFC), à laquelle participait Jean-Pierre Fabre, a été dispersée à coups de grenades lacrymogènes par la police. Jean-Pierre Fabre, qui a crié victoire dès vendredi, n'a cessé de mettre en garde contre des fraudes électorales, et certains de ses jeunes partisans ont plusieurs fois menacé de manifester violemment contre une éventuelle reconduction du président sortant.

Election test

Devant le siège du parti au pouvoir, Rassemblement pour le peuple togolais (RPT), qui a également crié victoire vendredi, l'atmosphère était plus calme, avec une dizaine de partisans habillés en vert, la couleur du parti, attendant les résultats.

La mission d'observation de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a estimé samedi que l'élection avait été "libre", tout en relevant des "insuffisances", notamment dans l'authentification des bulletins de vote. "Le scrutin du 4 mars 2010 au Togo était libre et s'est déroulé dans une atmosphère apaisée", selon un communiqué reçu samedi. Mais elle a aussi pointé "des insuffisances relatives à la fiabilité et à l'authentification du bulletin de vote". Cette élection était perçue comme un test dans un pays traumatisé par les violences électorales, notamment lors de la présidentielle de 2005, où 400 à 500 personnes avaient été tuées selon l'ONU.