Faux scoop sur un viol : le magazine "Rolling Stone" s'excuse

La jeune fille affirmait avoir été victime d'un viol collectif en 2012 à l'université de Virginie.
La jeune fille affirmait avoir été victime d'un viol collectif en 2012 à l'université de Virginie. © Jay Paul / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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C. Rainfroy avec AFP
En novembre, un article du magazine relayait des accusations non vérifiées concernant le viol d'une étudiante sur un campus américain. L'article a été retiré.

L'info. Ce faux scoop avait secoué les Etats-Unis. Le réputé magazine américain Rolling Stone a présenté lundi ses excuses et retiré de son site un article de novembre, qui avait relayé des accusations non vérifiées d'une étudiante. Dans cet article, l'étudiante affirmait avoir été violée sur un campus universitaire.

A la place, le bimensuel a mis en ligne un rapport de la prestigieuse école de journalisme de l'université de Columbia. Une étude qui pointe les erreurs "évitables" des reporters ayant conduit à ce fiasco retentissant du magazine icône de la pop-culture.

Plainte de la confrérie visée. La confrérie étudiante Phi Kappa Psi de l'université de Virginie (est), mise en cause dans l'article, a annoncé pour sa part vouloir porter plainte contre le magazine. Le chapitre local de la fraternité "qui a vécu 130 jours à l'ombre du soupçon" a par ailleurs estimé qu'il s'agissait d'un "triste exemple d'un déclin grave des principes journalistiques".

Onde de choc aux Etats-Unis. Publié en novembre 2014, l'article relayait des accusations portées par "Jackie". Cette jeune fille affirmait avoir été victime d'un viol collectif en 2012 à l'université de Virginie lors d'une fête dans une "fraternité", l'une de ces associations d'étudiants qui peuplent les campus américains. 

Sa publication avait créé une onde de choc, provoqué des manifestations d'étudiants ainsi que la suspension des "fraternités" de l'université, ravivant un débat national sur les viols dans les campus et la sécurité des jeunes filles. La police avait aussitôt ouvert une enquête.

Pas de sanction officielle au Rolling Stone. Ce faux scoop a été publié alors que des dizaines d'universités américaines font l'objet d'enquêtes fédérales sur la manière dont elles ont géré des plaintes pour violences sexuelles. Mais la véracité du drame avait rapidement été mise en doute, après des enquêtes d'autres organes de presse, notamment du Washington Post. Dès décembre, Rolling Stone avait concédé avoir eu tort d'avoir fait confiance à la version de la victime supposée.

"Ce rapport [de l'université de Columbia] était douloureux à lire, pour moi personnellement et pour nous tous à Rolling Stone", a reconnu le rédacteur en chef, Will Dana. Pour autant, Will Dana a annoncé au New York Times que personne ne serait sanctionné, soulignant que le rapport ne faisait pas de cette erreur "le résultat des méthodes habituelles de travail" de la rédaction. "La publication de ce rapport est une punition suffisante pour ceux impliqués", écrit le New York Times.

L'enquête de police suspendue, mais pas refermée. En mars, après cinq mois d'enquête, la police avait estimé n'avoir pas réuni assez d'éléments pouvant confirmer l'existence de ce viol collectif. Le chef de la police de Charlottesville avait expliqué qu'il "ne pouvait conclure qu'un incident a eu lieu". "Cela ne veut pas dire que quelque chose de terrible n'est pas arrivé à Jackie, nous n'avons simplement pas été capables de réunir suffisamment de faits pour le déterminer", avait-il ajouté. Aujourd'hui, la police a suspendu le dossier - sans toutefois le refermer -, ajoutant qu'elle pourrait le rouvrir si des faits nouveaux apparaissaient.