En Centrafrique, "c'est du nettoyage ethnique"

Malgré la présence française, les massacres de musulmans se multiplient dans le pays.
Malgré la présence française, les massacres de musulmans se multiplient dans le pays. © Reuters
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SONNETTE D’ALARME - Malgré la présence française, les massacres de musulmans se multiplient dans le pays.

Elle vient de passer un mois en Centrafrique. Donatella Rovera, conseillère d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique, a pu observer le travail des militaires français sur le terrain, deux mois après le lancement de l’opération Sangaris. Elle raconte, sur Europe 1, ce qu’elle a vu et n'hésite pas à parler de nettoyage ethnique.

Les massacres se multiplient. Pour cette travailleuse humanitaire, si les soldats français parviennent parfois à éviter des tueries, "ils ne sont pas présents partout où ils devraient l’être. C’est pour cela qu’il y a eu de nombreux massacres et que la population musulmane continue à être prise pour cible", rapporte-elle, sur Europe 1, lundi matin.

Donatella Rovera s’est rendue dans un petit village, à 250 kilomètres de Bangui, pour enquêter sur un massacre perpétré le 24 janvier. Mais une fois sur place, "j'ai découvert qu'un second massacre avait eu lieu le 10 février. La population musulmane qui n'avait pas encore été tuée ou contrainte à fuir le 24 janvier a été tuée ou contrainte à fuir le 10 février !", raconte-elle.

La conseillère d’Amnesty International a vu des corps "partout dans les rues du quartier musulman, des corps de femmes, de bébés". "Je n'utiliserai pas le mot génocide, heureusement nous n'en sommes pas là. Mais nettoyage ethnique, oui, absolument, c'est exactement ce qui se passe en République Centrafricaine", ajoute-elle.

Le pays nettoyé de sa population musulmane ! Les milices anti-balaka disent très clairement qu'elles veulent "tuer les musulmans, vider le pays des musulmans", s’inquiète Donatella Rovera. "Ils ne le disent pas seulement mais le mettent en œuvre : ils ont tué des centaines de civils. S'ils n'en ont pas tué plus, c'est parce que dans quelques cas les forces internationales ont pu protéger quelques communautés".

Selon l’humanitaire, la seule protection qui peut être offerte, aujourd’hui, aux populations musulmanes de la part des forces internationales, "c'est de les protéger quelquefois en attendant qu'elles quittent le pays". "Le pays est en train d'être, pour ainsi dire, nettoyé de sa population musulmane", conclut-elle, appelant la communauté internationale à réagir.

 

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