Emeutes : la justice anglaise s'enflamme

Libéré sous caution, un jeune Anglais impliqué dans les émeutes tente d'échapper aux journalistes à la sortie du tribunal de Westminster.
Libéré sous caution, un jeune Anglais impliqué dans les émeutes tente d'échapper aux journalistes à la sortie du tribunal de Westminster. © Maxppp
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et Amandine Alexandre, Correspondante d'Europe 1 en Grande-Bretagne
En phase avec la colère de l'opinion, les peines prononcées contre les émeutiers sont sévères.

Dix jours après le début des émeutes en Grande-Bretagne, les tribunaux ne désemplissent pas. David Cameron avait donné le ton. "Toute personne accusée d'un trouble violent et d'autres infractions graves doit s'attendre à être placée en détention provisoire", avait déclaré le Premier ministre anglais devant la Chambre des Communes la semaine dernière. Et cette consigne de pour une tolérance zéro semble suivie à la lettre par les juges.

 

 

6 mois de prison pour avoir volé de l'eau

 

 

En effet, d'après une information révélée par The Telegraph, les juges de première instance auraient reçu de leur hiérarchie, l'instruction de ne pas tenir compte des peines prévues par le Code pénal anglais. En raison des "circonstances exceptionnelles", les juges ont été encouragés à prendre des mesures exceptionnelles.

 

 

A Brixton, dans le sud de Londres, une étudiante de 23 ans a été condamnée à six mois de prison pour avoir volé des bouteilles d'eau d'une valeur de 4 euros dans un supermarché. A Londres, un homme de 42 ans a été condamné lundi à six mois de détention, pour avoir accepté une paire de raquettes de tennis dérobée.

 

 

Des Anglais qui n'ont pas participé activement au pillage ont écopé de peines de prison ferme

 

 

Des peines aggravées

 

 

Dans les semaines à venir, des peines encore plus lourdes devraient tomber. Environ la moitié des émeutiers est maintenue en détention. D'autant que des affaires mineures pourront désormais relever de la compétence des "Crown Court", qui jugent d'habitude des affaires les plus graves, et devant lesquelles les prévenus sont jugés plus sévèrement, rapporte le Guardian.

 

 

De son côté, le Ministère public a donné consigne aux procureurs de publier le nom des mineurs condamnés et de les humilier.

 

 

Conséquence, la surpopulation carcérale guette les Anglais. Il y a trois semaines, il restait 2.500 places de prison en Angleterre et au Pays de Galles, alors que 2.000 personnes ont déjà été arrêtées par la police.

 

 

Une justice aveugle ?

 

 

Une justice qui semble en phase avec l'opinion publique majoritaire dans le pays. Les Anglais réclament dans leur majorité des punitions très sévères contre les casseurs et les pilleurs, dans les tribunaux et à l'extérieur des tribunaux.

 

 

La semaine dernière, une pétition avait été lancée sur Internet pour retirer les allocations sociales aux émeutiers. Le nombre de signataires a doublé. L'idée est soutenue par plus de 200.000 personnes. Et elle a fait son chemin dans le débat politique puisque le ministre en charge des Affaires sociales est favorable au retrait des allocations en plus d'une condamnation à des travaux d'intérêt général ou à une peine de prison.

 

 

Mais cette justice d"exception" commence aussi à susciter l'indignation de certains Britanniques. "Notre système judiciaire prévoit la possibilité de faire appel. Je me demande combien d'avocats spécialistes des droits de l'homme vont désormais entre en scène et venir défendre quiconque estimera avoir été condamné sur l'autel de la colère publique et de la vengeance et non pas de la justice", commente Jeff taylor, dans The Economic Voice.