Centrafrique : "réfugiés dans la douche"

Anne-Sophie, son mari et leurs deux enfants ont dû tout abandonner derrière eux en quittant Bangui.
Anne-Sophie, son mari et leurs deux enfants ont dû tout abandonner derrière eux en quittant Bangui. © REUTERS
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et Stéphane Place , modifié à
TÉMOIGNAGE E1 - Alors que leur maison a été saccagée, une famille française a dû quitter Bangui.

Ils ont tout laissé derrière eux. Après la chute du président François Bozizé et l’arrivée au pouvoir des rebelles le week-end dernier, Anne-Sophie, son mari et leurs deux enfants de 4 et 6 ans ont quitté la Centrafrique, où ils vivaient depuis plus de deux ans. Arrivée mercredi en Gironde, Anne-Sophie raconte à Europe 1 qu’elle a dû trouver refuge dans la douche pendant que sa maison de Bangui était pillée et saccagée par les rebelles.

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"Épuisés nerveusement". "On a juste eu le temps de se réfugier dans la salle de bain avec les enfants", confie-t-elle. "On était dans la cabine de douche à quatre, accroupis", dans l’endroit "le moins exposé aux vagues incessantes de personnes qui ont défilé dans la maison pour prendre tout ce qui s’y trouvait". Ces pilleurs sont "armés de machettes, de ciseaux, de couteaux", précise Anne-Sophie, qui a été "menacée", mais pas "molestée". "Certains sont venus nous voir, nous ont salués", mais d’autres "étaient un peu plus agressifs et disaient : ‘tout ça, c’est à cause des blancs, c’est la raison pour laquelle on se sert". "On était relativement épuisés nerveusement de tenir le siège comme ça, les enfants surtout étaient fatigués", confie la mère de famille.

"Une alerte très claire en 2012". Anne-Sophie se dit "non seulement déçue, mais très fâchée de la façon dont les choses sont gérées sur place à Bangui". Pour elle, "on avait eu une alerte très claire à la fin du mois de décembre 2012". L’ambassade de France à Bangui avait notamment été caillassée. "A cette époque, une allocution de notre président de la République avait bien précisé que les seules interventions qu’il ferait seraient pour protéger les intérêts de la France et de ses ressortissants", note Anne-Sophie, qui n’a "pas l’impression que les intérêts de la France ou les ressortissants français aient été vraiment protégés".