Centrafrique : Djotodia poussé vers la sortie

L'actuel président par intérim a progressivement perdu le contrôle des combattants de la Séléka.
L'actuel président par intérim a progressivement perdu le contrôle des combattants de la Séléka. © REUTERS
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Charles Carrasco avec Gwendoline Debono, envoyée spéciale et agences , modifié à
L'ESSENTIEL - Le président par intérim va être prié de démissionner jeudi par ses pairs africains.

L'INFO. Michel Djotodia, l'ancien chef de la rébellion Séléka et président par intérim de la Centrafrique, vit ses dernières heures à la tête du pays. Il devrait être prié de démissionner par ses pairs africains réunis au Tchad afin de faciliter une sortie de crise, un peu plus d'un mois après le début de l'opération Sangaris en Centrafrique.

• Il annule une mystérieuse adresse à la Nation. A Bangui, on a l'impression que Michel Djotodia a déjà quitté le navire. Il faut dire qu'avant de partir, à deux reprises, le président par intérim a annulé au dernier moment une mystérieuse adresse à la nation. Il ne peut "plus gouverner cet Etat fantôme", confie un diplomate à Europe 1. "Ce sont des rumeurs tout ça. Les gens racontent n'importe quoi. Moi je l'ai vu. Il est serein, combatif. Si Michel démissionne, qu'est ce qui va se passer ? C'est le chaos", s'inquiète un conseiller, interrogé par Europe 1. Si le président part, on sait ce qu'on perd mais pas ce qu'on gagne : c'est en substance le message de la garde rapprochée de Djotodia.

>>> Quelles sont les raisons de son départ ? Explications.

Le Tchad a lâché Djotodia. Les pays d'Afrique centrale tiennent jeudi un nouveau sommet à N'Djamena sur la Centrafrique, convoqué par le Tchad, ulcéré par l'incapacité des autorités de Bangui à mettre fin aux violences. "C'est terminé pour lui maintenant", a déclaré à l'agence Reuters un membre de l'entourage de Michel Djotodia. Un porte-parole du président a toutefois démenti tout projet de démission. Un haut responsable de la diplomatie française a déclaré à Paris que le président tchadien, Idriss Déby, jusqu'ici soutien du président centrafricain par intérim, avait lâché son protégé.

Des soldats français en patrouille à Bangui.

© REUTERS

Les exactions continuent. L'actuel président par intérim a progressivement perdu le contrôle des combattants de la Séléka, essentiellement musulmans, qu'il commandait. A Bangui, les tueries à grande échelle de ces dernières semaines ont progressivement cessé et une partie de la ville avait retrouvé mercredi une activité quasi-normale. Mais des exactions et des tirs sporadiques sont encore signalés presque toutes les nuits malgré le déploiement massif des soldats français de l'opération Sangaris et de ceux de la Misca. Mercredi soir, des manifestants criaient "dehors la France" et brûlaient des barricades dans un quartier musulman.

Il n'est pas en odeur de sainteté à Paris. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait évoqué la possibilité d'un départ de Michel Djotodia dans une interview publiée mercredi par Le Parisien. Selon Paris, qui ne veut pas engager plus de troupes sur le terrain et réclame plus d'hommes pour la Misca africaine, le sommet pourrait également aboutir à des "décisions" sur l'avenir de Djotodia. Selon une source diplomatique, Paris souhaite que le président par intérim quitte le pouvoir le plus vite possible pour faciliter une sortie de crise. "Djotodia et nous, ce n'est pas une histoire d'amour. Plus vite il partira, mieux on se portera", assure un diplomate.

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