Breivik avait "quelques millions"

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 RECIT - Revivez avec Europe1.fr la deuxième journée d'audience du procès Breivik.

La Norvège était pendue aux lèvres d'Anders Behring Breivik, mardi. Au lendemain de l'ouverture de son procès en Norvège, l'homme accusé de la mort de 77 personnes l'an dernier en Norvège, a parlé publiquement pour la première fois devant le tribunal d'Oslo. L'auteur du massacre le plus sanglant commis en Norvège depuis la Seconde guerre mondiale n'avait pas pris la parole durant la première journée d'audience, consacrée à la lecture de l'acte d'accusation et aux remarques préliminaires du ministère public. Cette journée, tout comme les quatre suivantes, était consacrée au témoignage de celui qui est poursuivi pour "actes de terrorisme".

La deuxième journée d'audience prend fin sur ces confusions d'Anders Behring Breivik. Pressé de faire d'autres commentaires sur le sujet précédent, le tueur d'Oslo et de l'île d'Utoya refuse de poursuivre.

15h57 : La Serbie, un tournant ? "Peut-être", a répondu Anders Behring Breivik à cette question sur l'importance de l'intervention de l'Otan dans le conflit serbe. Selon le tueur norvégien, à ce moment l'Otan a clairement choisi le parti des musulmans contre les chrétiens. Même si, avoue-t-il, "c'était sans doute un tournant plus important pour d'autres que pour moi".

15h53 : Souvenirs épars. Quels autres événements sont susceptibles d'avoir accélérés sa radicalisation ? Réponse de Breivik : "Je me souviens avoir été contre la Palestine quand j'avais quinze ans, mais je ne me souviens pas pourquoi. Je crois avoir mentionné la Serbie aussi, mais je ne pense pas avoir été si concerné que cela", admet-il.

15h35 : Propos incohérents. Après une petite vingtaine de minutes de pause, le procès reprend. Breivik tente de justifier sa haine des musulmans. "J'ai été attaqué par un gang de musulmans. Enfin, un de mes amis. Quand j'ai essayé de le dégager, j'ai été attaqué. J'ai reçu un coup de poing dans la figure et j'ai eu le nez cassé". Aucun document ne prouve ses propos. La procureure cite un document du médecin qui lui a fait une opération de chirurgie esthétique et qui assure que l'accusé n'a subi aucune fracture du nez. Breivik conteste.

15h16 : Une pause de quinze minutes est décrétée. A la demande d'Anders Behring Breivik, les débats sont suspendus un quart d'heure. Retour à 15h30.

15h12 : "Problèmes" avec des musulmans. Pour expliquer sa radicalisation et son rejet progressif de la démocratie, Breivik rappelle à la cour avoir été mêlé à "une vingtaine" de bagarres avec des musulmans. Il ajoute aussi des "viols" subis par des filles dans des concerts à Oslo par des musulmans. Selon lui, ceux qui les dénonçaient étaient "immédiatement décrits comme des néonazis".

15h04 : Stop à l'hypocrisie. Désireux "d'avancer dans le parti", Anders Behring Breivik commente les messages qu'il a postés sur le site Internet du parti populiste auquel il appartenait. "Je crois même avoir écrit que l'Islam était quelque chose de bon. J'ai relu ce commentaire en me disant 'comment est-ce possible d'être aussi hypocrite ?'", a-t-il avoué devant la cour.

Malgré ses convictions, Breivik admet qu'à cette époque, il "voulait surtout gagner de l'argent". "Les questions de religion et d'immigration m'intéressaient", dit tout de même celui qui admet avoir eu un ami musulman "pendant des années", mais l'argent revêtait plus d'importance à ses yeux, jusqu'en 2002.

14h55 : Engagé politiquement. Anders Behring Breivik détaille son engagement politique. Il dit être devenu à 18 ans, en 1997, membre des jeunesses du FrP, le parti du progrès, un parti d'extrême droite. Engagé dans le mouvement jeune, Breivik y a occupé des postes à responsabilité. Il pensait même grimper hiérarchiquement, en "adoptant un ton plus politiquement correct".

14h52 : Fraude fiscale. Breivik reconnaît volontiers avoir blanchi les (grosses) sommes amassées par ses entreprises dans des paradis fiscaux, dont certains dans les pays Baltes et aux Bahamas, pour éviter de payer des impôts et de financer un gouvernement qui mène une politique qu'il ne cautionne pas.

Anders Behring Breivik se targue d'avoir "gagné [son] premier million à 24 ans" et estime sa fortune "peut-être à quatre millions quand j'avais 26 ans". La monnaie dont il parle est la couronne norvégienne, le pays n'ayant pas adopté la monnaie unique européenne. Bien qu'inférieures, du coup, ces sommes restent conséquentes. Avec la vente de faux diplômes, le tueur aurait amassé donc 130.000 euros à 24 ans et était à la tête de 500.000 euros à 26 ans.

14h40 : Une salle d'audience particulière. La salle 250 du tribunal d'Oslo a été construite pour héberger le procès Breivik. Mais cette salle flambant neuve ne semble pas être très appréciée de la procureure. "Il fait très froid ici", déplore-t-elle, alors que le ronflement de l'air conditionné se fait fortement entendre. 

audience, salle, oslo

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14h36 : Son parcours professionnel. La procureure liste les quatre entreprises qu'il a créées. Interrogé, Breivik reconnaît avoir perdu de l'argent dans ses sociétés de service.

14h32 : Regrets sur le service militaire. Le tueur d'Oslo et d'Utoya regrette de n'avoir pu faire son service militaire pour soutenir sa mère, malade. "J'aurais pu y apprendre des choses utiles".

14h25 : Son rapport à la religion. Anders Behring Breivik explique devant la cour son rapport à la religion. "Je n'ai pas été très religieux, mais un proverbe dit qu'il n'y a pas d'athée dans les tranchées", a-t-il assuré, selon le correspondant du Monde sur place. Il se définit par ailleurs comme "techniquement religieux depuis l'âge de 15 ans, mais pas trop".

14h10 : Breivik évoque deux autres cellules. Le tueur évoque de nouveau l'existence de "deux autres cellules" autonomes constituées chacune d'un seul individu. Il explique aussi la définition de "commandeur", qu'il a employée pour se qualifier lui-même et qui renvoie à "une personne qui a une autorité et des liens souples avec deux autres cellules".

13h50 : Faut-il filmer les procès ? La retransmission du procès d'Anders Breivik pose la question de l'enregistrement des audiences. Interrogé sur Europe 1, Me Philippe Bilger, magistrat honoraire et conseiller spécial au cabinet D'Alverny Demont & Associés, estime que c'est une bonne chose que le procès soit filmé. "Dans une démocratie aussi forte que la démocratie norvégienne, l'enregistrement du procès, même avec l'audition de phrases infiniment choquantes de Breivik, n'aura aucune incidence négative ou délétère. Il me semble que les citoyens sont plus forts que tout ce que pourra dire Breivik", estime l'auteur du livre Le bal des complaisants.

Un constat qu'il ne partage pas pour le cas Français. "Je ne ferais pas les mêmes observations pour la France, ou en tout cas, je serais moins péremptoire. J'aurais craint si les procès avaient été enregistrés que ma liberté de parole puisse être contrôlée et qu'on puisse vérifier ce que j'avais dit et qu'on me le reproche. Le temps de l'audience aurait pu devenir une scène de théâtralisation, parce que les partis se seraient sentis filmés", précise-t-il.

13h40 : Pause jusqu'à 14 heures. L'audience est suspendue quelques minutes pour une reprise à 14 heures.

13h30 : "C'était un film touchant". Anders Breivik est revenu sur la vidéo de propagande qu'il a réalisée et publiée sur YouTube l'an passé. La diffusion de ces images a déclenché les larmes du tueur lundi. Interrogé par la juge mardi, il explique les raisons de son émotion.

"J'ai pensé à la Norvège et à l'Europe qui sont gouvernés par des politiciens et des journalistes qui tuent notre pays. C'était un film touchant. (...) Parce que je pense que mon pays et mon groupe ethnique sont en train de mourir", a-t-il expliqué.

Pour rappel, voici les images d'Andres Breivik en train de pleurer à l'audience lundi :

L'auteur revendiqué de la tuerie évoque des cellules très autonomes les unes des autres qui auraient peu de contacts entre elles, et parle de contacts avec des anonymes militants nationalistes qu'il dit avoir rencontrés en 2001.

13h20 : Une commissaire européenne dégoûtée par l'attitude de Breivik. Cecilia Malmström a exprimé mardi son "dégoût" face à l'attitude de l'extrémiste de droite Anders Behring Breivik qui a invoqué "la légitime défense" pour justifier le massacre de 77 personnes l'an dernier en Norvège. "Lors de son procès à Oslo Breivik affirme qu'il a agi par légitime défense. J'écoute avec dégoût sa vision maladive du monde", a affirmé la commissaire chargée des Affaires intérieures, sur son compte Twitter.

13h05 : Breivik conteste son rapport psychiatrique. Breivik dit avoir relevé 200 mensonges dans la première expertise psychiatrique officielle qui a conclu à son irresponsabilité pénale. Entre-temps, une autre expertise est venue contredire ce premier rapport.

13h00 : Breivik fait l’apologie d'Al-Qaïda. "Al-Qaïda est l'organisation la plus talentueuse au monde. (...) Les militants nationalistes ont beaucoup à apprendre d'eux", a-t-il déclaré.

12h45 : Les débats reprennent. Les juges vont à présent s'intéresser au parcours d'Anders Breivik et à la façon dont il a planifié la tuerie du 22 juillet.

12h10 : "Breivik a multiplié les provocations". C'est en ces termes que Fabienne Le Moal, l'envoyée spéciale d'Europe1 à Oslo, a résumé l'intervention d'une heure d'Anders Breivik. "Il n'a pratiquement pas relevé la tête pendant une heure, neuf pages d'exposé doctrinaire, des statistiques à l'appui sur les dangers du multiculturalisme, il a multiplié les provocations", analyse la journaliste.

11h50 : parle-t-on trop de l'affaire Breivik ? La question agite les internautes dans les commentaires du live d'Europe1. "Il serait bien d'arrêter de parler d'histoires semblables, n'y a-t-il pas assez de déboussoler sans donner l'envie à d'autres de le devenir ?", estime un internaute dans les commentaires du live. "Puisqu'il bénéficie d'une tribune mondiale (et qu'il le sait sans doute) ? Pourrions-nous envisager l'équivalent en positif pour être un tant soit peu plus constructif ?", propose un autre.

11h40 : "La question : est-il fou ou un dangereux fanatique ?" Breivik est "obsédé par ses idées, déterminé à les exprimer, convaincu d'être un soldat qui vient d'effectuer une mission. Il n'a pas l'air de comprendre le moins du monde la souffrance des proches des victimes et des survivants autour de lui", analyse une journaliste de Libération après la longue déclaration de Breivik.

11h30 : La juge Aentzen met un terme au monologue de Breivik. La juge Wenche Elizabeth Arntzen, qui préside le procès, a levé l'audience pour une heure. Le temps de la pause déjeuner. Durant la déclaration de près d'une heure d'Anders Breivik, elle a sommé le prévenu de lire plus rapidement les 20 pages de textes qu'il avait préparées.

La juge Wenche Elizabeth Arntzen :

17.04

Anders Behring Breivik a demandé sa relaxe mardi, affirmant avoir agi au nom de la légitime défense. "Les attaques du 22 juillet étaient des attaques préventives pour défendre les Norvégiens de souche", a-t-il déclaré au terme d'une intervention de plus d'une heure. "J'ai agi en situation d'urgence au nom de mon peuple, de ma culture de mon pays. Et je demande donc ma relaxe", a-t-il conclu.

11h20 : Anders Breivik s'attaque aux musulmans. "Entre 25% et 40% des musulmans soutiennent la violence jihadiste", selon le tueur. "Nous ne voulons pas devenir une décharge, où les musulmans viennent jeter leur surplus de population. Nous voulons une Norvège chrétienne", poursuit-il. Selon Breivik, "les chrétiens sont une minorité persécutée. Il n'y a pas de musulmans laïcs ou libéraux. Il n'y a que l'Islam", estime-t-il.

Libération a écrit une enquête sur la mouvance "contre jihadistes" qui a fortement inspirée Anders Breivik. A lire ici. L'organisation antiraciste britannique a par ailleurs publié un rapport sur la mouvance contre-djihadiste. A consulter en cliquant ici.

11h15 : Breivik revendique "l'attaque la plus spectaculaire" depuis 1945. "J'ai mené l'attaque politique la plus sophistiquée et la plus spectaculaire en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale", a déclaré l'extrémiste de droite qui avait été autorisé par le tribunal d'Oslo à lire un texte préparé à l'avance. "Les jeunes du Parti travailliste sont naïfs et endoctrinés, ils n'étaient pas des enfants innocents, mais des militants politiques", assure Breivik qui a tué 69 personnes, en majorité des adolescents, sur l'île d'Utoya où se déroulait un camp d'été des Jeunesses travaillistes.

"Tuer 70 personnes peut empêcher une guerre civile", dit-il aussi. "Les gens qui me disent diabolique confondent le fait d'être diabolique et d'être violent", se défend l'accusé. La différence réside dans les intentions : certaines violences peuvent empêcher des violences plus grandes encore, explique-t-il en substance. "Lorsque la révolution pacifique est impossible, la seule option est la révolution violente", continue Breivik.

11h08 : Breivik ne craint pas la prison. "Je n'ai pas peur d'aller en prison. Je suis né dans une prison et j'ai passé ma vie dans une prison. Cette prison s'appelle la Norvège", a-t-il lancé devant le tribunal d'Oslo.

Anders Breivik a déclaré devant ses juges qu'il recommencerait le massacre perpétré le 22 juillet dernier lorsqu'il avait tué 77 personnes. "Oui, je le ferais de nouveau", a-t-il affirmé lors de la 2e journée de son procès ajoutant que les adolescents tués sur Utoya n'étaient pas des "enfants innocents" et que pour lui finir sa vie en prison ou mourir pour son peuple constituerait "le plus grand honneur".

10h20 : Breivik dénonce le système politique norvégien. Voici une sélection des principales déclarations d'Anders Breivik sur la politique de son pays :

10h15 : Anders Breivik parle de "la dictature marxiste". L'auteur revendiqué de la tuerie d'Olso précise lors d'un discours ses revendications et son courant de pensée. Andres Breivik explique qu'il représente un mouvement qui défend les droits des populations indigènes d'Europe. Selon lui, l'origine de son engagement est liée à la fin de la Seconde guerre mondiale et plus précisément à la chute d'Adolf Hitler.

"Les démocraties ne sont devenues que des dictatures multiculturelles", a-t-il déclaré. "Ce que l'on appelle aujourd'hui démocratie n'est qu'une dictature marxiste", précise Anders Breivik.

L'avocat d'Anders Breivik, Me Geir Lippestad, a préparé les esprits en disant qu'il fallait s'attendre à des propos "difficiles" à entendre. Il a commencé par dire qu'il avait "allégé la rhétorique de son intervention" par égard pour les victimes. Il précise qu'il ne veut pas être interrompu.

10h07 : Le juge Thomas Indreboe est renvoyé après des doutes du tribunal sur son impartialité. Thomas Indreboe - un réceptionniste depuis désigné juge issu de la société civile conformément à un mécanisme de justice populaire en vigueur en Norvège - qui avait préconisé la peine de mort pour Anders Breivik a été renvoyé. Son impartialité était en effet mise en cause après ce message publié lundi sur Facebook.

Même si la peine de mort ne figure pas dans l'arsenal pénal norvégien, ces propos "sont de nature à affaiblir la confiance" en son jugement, a expliqué la juge Wenche Elizabeth Arntzen qui préside le procès. Thomas Indreboe, 33 ans, a été remplacé par un des juges subsidiaires, Anne Elisabeth Wisloeff. Les deux juges professionnels du procès sont assistés de trois juges issus de la société civile.

Le juge renvoyé Thomas Indreboe :

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Selon notre correspondante sur place, l'audience d'Anders Breivik a repris après 30 minutes de suspension. L'auteur revendiqué de la tuerie d'Oslo est revenu dans la salle d'audience.

La juge qui préside la procédure a ordonné une suspension de séance d'une demi-heure pour examiner la compétence d'un des cinq juges. Ce dernier a en effet réclamé la peine de mort contre Anders Breivik, dans un commentaire publié sur Facebook.

"La peine de mort est la seule solution juste dans cette affaire!!!!!!!!!!", a déclaré le juge selon le site norvégien Vepsen qui publie une capture d'écran du commentaire.

breivik fb

9h04 : Anders Behring Breivik a de nouveau fait son salut extrémiste. Comme lors de la première journée, Breivik, une fois libéré de ses menottes, a porté son poing droit fermé sur le cœur puis a tendu le bras, un salut qui, explique-t-il dans son manifeste, représente "la force, l'honneur et le défi aux tyrans marxistes en Europe".

La photo d'Anders Breivik en train de faire de nouveau le salut nazi en arrivant à son audience :

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9h02 : Des journalistes attendent. Ils se trouvent dans une des salles du tribunal d'Oslo pour le début du deuxième jours du procès d'Anders Breivik.

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(Photo du journaliste au Monde Olivier Truc, publiée sur son compte Twitter)

9h00 : Aujourd'hui s'ouvre le deuxième jour du procès du tueur Anders Breivik. L'auteur revendiqué de la tuerie d'Oslo doit s'exprimer sur la tuerie qui a coûté la vie à 77 personnes l'an dernier. Il doit débuter cette audience par la lecture d'un texte de 30 minutes, comme le rapporte sur Twitter le journaliste du Monde, Olivier Truc.

8h40 : Breivik arrive au tribunal d'Oslo. Un convoi transportant Anders Behring Breivik est arrivé lundi vers 8h30 pour le deuxième jour de son procès.

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