Berlusconi sort par la petite porte

© MAXPPP
  • Copié
avec agences , modifié à
Le "Cavaliere"a démissionné samedi soir et quitté la présidence du Conseil sous les huées.

Après huit années de règne et de scandales, le président du Conseil italien a quitté le pouvoir samedi par la petite porte. Accusé d'avoir miné la crédibilité de son pays, le magnat des médias âgé de 75 ans, sous les huées et les insultes de la foule lors de son arrivée au Palais du Quirinal à Rome, le siège de la présidence, a remis sa démission au président Giorgio Napolitano.

Comble de l'humiliation, le "Cavaliere" a dû quitter le palais présidentiel par une porte dérobée alors que devant l'entrée principale des manifestants applaudissaient et hurlaient de joie en criant "bouffon, bouffon!". Il avait été accueilli moins d'une heure plus tôt aux cris de "va te faire f...", "mafieux!", "honte!", "prison!" "c'est fini!"... ou encore "primavera, primavera" (printemps! printemps), dans une allusion probable aux révolutions arabes qui ont renversé des dictateurs.

"Disparais!"

Dès l'après-midi, une foule avait envahi divers symboles du pouvoir à Rome aux cris de "Démission, démission". Certains brandissaient des drapeaux italiens tricolores -vert, blanc, rouge- , d'autres arboraient des pancartes "Bye-bye Silvio!", "Disparais!" et "Enfin!".

Avant de quitter le pouvoir, le Cavaliere avait attendu que les députés italiens entérinent les nouvelles mesures d'austérité votées par le Sénat vendredi et promises à ses partenaires européens lors du dernier sommet des 27. C'est chose faite depuis samedi en fin d'après midi par 380 voix pour, 26 contre, et deux abstentions. Le principal parti d'opposition, le Parti démocrate, n'avait pas pris part au vote pour ne pas entraver l'adoption de ces mesures cruciales. Les députés italiens avaient ainsi ouvert la voie à la démission du président du Conseil italien.

Le résultat ne faisait guère de doute avec la pression exercée sur Rome depuis quelques semaines par l'Union européenne.

"Beaucoup de peine"

Silvio Berlusconi avait ensuite réuni son gouvernement vers 18h (heure française). Des huées, là aussi, avaient alors salué son apparition publique à l'issue de son dernier conseil des ministres, alors qu'il regagnait son domicile romain. "C'est quelque chose qui me fait beaucoup de peine", avait confié le Cavaliere à quelques dirigeants de son parti réunis chez lui avant qu'il se rende au palais du Quirinal.

Le retrait de la vie politique de Silvio Berlusconi constitue un événement majeur en Italie. Depuis 1994, Berlusconi a dirigé à trois reprises le gouvernement (1994-1995, 2001-2006 et depuis 2008). Sa fin de règne, précipitée par la perte de sa majorité à la Chambre mardi dernier, ouvre la voie à la formation d'un gouvernement élargi que devrait diriger l'ancien commissaire européen Mario Monti.