Belgique : le "gaffeur" Leterme de retour

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Le nouveau premier ministre, flamand, s’est distingué par des déclarations maladroites à l’égard des francophones dans le passé.

L’homme nommé mercredi à la tête du gouvernement de la Belgiqueen remplacement d’Herman Van Rompuy – n’en connaît pas l’hymne national. Et là n’est pas la seule tare d’Yves Leterme, premier ministre expérimenté et bilingue franco-néerlandais, mais gaffeur et impopulaire. Surtout auprès des francophones du "plat pays", qu’il a froissés à de nombreuses reprises par des déclarations maladroites et des prises de position radicales sur l’autonomie de la Flandre.

Yves Leterme, né d’un père wallon et d’une mère flamande, avait choqué en août 2006 dans une interview au journal Libération, en estimant que les francophones vivant en Flandre n'étaient "apparemment pas en état intellectuel d'apprendre le néerlandais". Cette déclaration avait incité deux Belges francophones à porter plainte contre celui qui était alors ministre-président de la Région flamande, en vertu d’une loi contre le racisme.

Dans cette même interview, Yves Leterme avait jugé que, dans un pays en proie à de vifs débats sur son unité, les seules choses communes aux Belges étaient "le roi, l'équipe nationale de foot et certaines bières".

Mais le haut fait le plus mémorable de cet homme de 49 ans date du 21 juillet 2007, jour de la fête nationale belge. Questionné par un journaliste de la RTBF, Yves Leterme fut incapable d’expliquer pourquoi la fête nationale était célébrée ce jour-là. Puis, alors que le journaliste lui demandait de chanter la Brabançonne, l’hymne national belge, le premier ministre se mit à entonner… la Marseillaise !

Le lendemain de cette gaffe monumentale, celui qui allait devenir premier ministre tenta de se défendre lors d’une interview télévisée, et commit une nouvelle boulette, en forme de menace : "Je ne veux pas réagir à ces bêtises. Je m’occupe de choses bien plus importantes. Je pense qu’ils veulent me faire du tort. Celui qui me fait du tort en subira les conséquences tôt ou tard."

Premier ministre de mars à décembre 2008, le chrétien-démocrate fut salué pour sa gestion de la crise financière, mais finit par être contraint à la démission sur ce dossier : des membres de son cabinet furent accusés d'avoir tenté d'influencer la justice lors du sauvetage de la banque Fortis.

Onze mois après l’avoir cédé, Yves Leterme retrouve finalement le fauteuil de premier ministre, en raison du départ d’Herman Van Rompuy à la présidence du Conseil européen. L'homme a-t-il changé ? Il aura très vite l'occasion de le démontrer, avec le dossier épineux des droits de la minorité francophone dans la banlieue flamande de Bruxelles.