Arafat : une exhumation et des questions

Des bâches ont été dressées autour du mausolée le 13 novembre dernier.
Des bâches ont été dressées autour du mausolée le 13 novembre dernier. © REUTERS
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Charles Carrasco avec AFP , modifié à
DÉCRYPTAGE- La dépouille de l'ex-dirigeant palestinien a été exhumée mardi matin. Retour sur l'affaire.

A cause du conflit entre Israël et le Hamas, elle a bien failli être reportée. L'exhumation de la dépouille de Yasser Arafat, le premier président de l'Autorité palestinienne a eu lieu mardi matin à Ramallah dans le cadre de l'enquête sur sa mort suspecte dans un hôpital militaire français de Percy, dans les Hauts-de-Seine,  le 11 novembre 2004. Europe1.fr vous explique toute l'affaire.

• Pourquoi ? Trois juges français du tribunal de Nanterre ont été chargés fin août d'une enquête pour assassinat, à la suite d'une plainte contre X déposée par Souha Arafat, l'épouse de l'ex-dirigeant palestinien. La thèse d'un empoisonnement a regagné du crédit après la diffusion en juillet d'un documentaire d'Al-Jazeera révélant la présence de quantités anormales de polonium sur des effets personnels de Yasser Arafat confiés par sa veuve à la chaîne qatarie. Celle-ci les a fait analyser par un laboratoire suisse spécialisé. Mais pour obtenir des certitudes, les enquêteurs doivent ainsi réaliser des prélèvements.

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Les juges français, qui ont déjà entendu Souha Arafat, ont également fait une perquisition à l'hôpital militaire où est mort Yasser Arafat le 11 novembre 2004, sans que les causes de son décès ne soient clairement établies.

• Par qui ? Les trois juges d'instruction chargés de l'enquête avaient prévu de se rendre à Ramallah du 25 novembre au 1er décembre. Ils devaient assister mardi à l'exhumation de sa dépouille. Les experts du laboratoire suisse devaient être aussi présents, mandatés par l'Autorité palestinienne. Enfin, des experts russes devaient participer également à l'exhumation à la demande du président palestinien Mahmoud Abbas. Souha Arafat sera représentée à Ramallah par le cabinet de son avocat parisien.

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• Comment ? Les travaux d'excavation de la tombe de Yasser Arafat ont débuté à la mi-novembre. Des bâches ont été dressées autour du mausolée le 13 novembre dernier, signe que l'excavation était imminente. Les ouvriers ont d'abord dû enlever le ciment et les pierres autour de sa tombe. Les premiers travaux ont duré quinze jours. Après l'exhumation mardi, sa dépouille sera ensuite transférée dans un institut médico-légal pour y procéder le lendemain à des prélèvements d'échantillons. Les juges français ne procéderont pas eux-mêmes aux actes qui seront réalisés par des juges palestiniens en leur présence. 

Au-delà de l'exhumation, les suites de l'enquête dépendront de la qualité des prélèvements réalisés sur la dépouille, pour permettre la recherche de traces de polonium. Une substance radioactive hautement toxique mais qui se dégrade rapidement.

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• Quelles conséquences ? Ces investigations ont rallumé la discorde au sein de sa famille et des proches. Voulue par Souha Arafat, l'exhumation est rejetée par le neveu du défunt et président de la fondation Yasser Arafat, Nasser al-Qidwa, d'ores et déjà persuadé que son oncle a été empoisonné par Israël. L'état hébreu avait répliqué en affirmant qu'"il n'était pas impliqué" dans la mort du leader de l'Autorité palestinienne, sans exclure "que des responsables palestiniens l'aient éliminé".

La veuve d'Arafat refuse d'accuser quiconque. "Notre action consiste seulement à concourir à la manifestation de la vérité, une vérité qui ne se commente pas, ne se récupère pas, ne se manipule pas", a déclaré l'avocat de Souha Arafat, Me Pierre-Olivier Sur. "C'est tout à l'honneur de la justice française et de la juridiction de Nanterre d'avoir réussi à obtenir par son savoir-faire, sa neutralité et son indépendance de procéder à des investigations en vue de la manifestation de la vérité, dans un dossier complexe dont voulaient se saisir les plus hautes instances internationales, dont la Ligue arabe et l'ONU", a-t-il ajouté.